Contenu
Poche
Réédition
Tout public
384 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-07-295624-9
Coll. "Arcanes"
Réédition bienvenue
Nous sommes à Belleville, quartier populaire de Paris s'il en est à cette époque. Nous allons suivre Marcel, jeune dessinateur industriel, qui est amoureux de Gilberte, un peu plus âgée que lui, et déverse ses doutes et espoirs sur le roman qu'il est en train d'écrire, un roman post-apocalyptique qui décrit Paris, détruite par une bombe atomique. La ville est encerclée pour éviter les problèmes, mais les banlieusards essaient parfois de s'introduire dans la ville pour y récupérer ce qu'ils peuvent récupérer. Marcel a un ami, Étienne, qui est lui aussi amoureux de Gilberte. Obnubilé par la sexualité, il "tente" une maitresse plus âgée que lui mais, dégouté, il la frappe sauvagement et la laisse pour morte. Cela ne l'empêche pas de draguer Gilberte. De son côté Gilberte hésite. Fille d'une famille modeste, elle est catholique et elle ne sait qui choisir entre Marcel, Étienne et un homme plus âgée, plus fiable, mais un peu sous la coupe de sa mère. Arrivent alors la découverte du cadavre de la maîtresse, les valses hésitation d'Étienne (doit-il se dénoncer alors que la police se concentre sur d'autres amants qu'aurait pu avoir la femme ?) et les questions que se pose Gilberte, surtout lorsqu'elle découvrira qu'elle est enceinte d'un moment de plaisir avec Étienne.
Jean Meckert est plus connu des amateurs de romans policiers sous le pseudonyme de John (ou Jean) Amila. Il s'essaya aussi à la science-fiction. Tombé un peu dans l'oubli (pourtant son œuvre policière et science-fictive est de qualité), il avait commencé par des romans plus généralistes que Joëlle Losfeld réédite lentement mais sûrement sous l'impulsion de Stéphanie Delestré et de Hervé Delouche. Cette Ville de plomb (le plomb étant à la fois la lourdeur mais aussi un moyen de se protéger contre les radiations) mélange le roman populaire traditionnel (la description des ouvriers et petites gens de Paris, les bourgeois qui se méfient du qu'en-dira-t-on), le flux de conscience du roman moderne (à travers les actions des personnages qui interviennent souvent en contradiction avec ce qu'ils pensent et dont la pensée évolue constamment au gré des réponses des autres), une intrigue policière avec ce cadavre et les hésitations des personnages (faut-il se dénoncer ou alors le dénoncer ?) et des extraits du roman qu'écrit Marcel (et qui renvoie, de manière fantasmée, à ce que vit l'auteur dans la réalité). Ces éléments se répondent de manière intelligente car l'auteur sait raconter une histoire et décrire des personnages et des lieux. Évidemment, il s'inscrit dans la littérature française d'après-guerre et mérite largement cette réédition car il n'a pas énormément vieilli. Au contraire, les doutes des personnages, l'interaction des intrigues, le roman enchâssé dans l'histoire, ressortent bien comme modernes, encore aujourd'hui.
Citation
Depuis quatre jours, il attendait la réponse de Gilberte à sa confession écrite. Chaque soir il était sorti en même temps qu'elle, n'osant l'interroger. Elle restait bonne camarade, c'est-à-dire polie, un peu familière, mais ne lui avait jamais dit une syllabe au sujet de la lettre.