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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Nigeria) par Marguerite Capelle
Paris : Globe, janvier 2022
304 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-38361-090-8
Derrière les vitrines rouges
Quatre femmes d'Afrique subsaharienne, pour différentes raisons, décident de quitter leur pays afin de venir en Europe. Certaines ont compris, d'autres moins, mais leur destinée reste identique : elles sont prises en charge par une mère maquerelle et devront se prostituer à Anvers. Elles doivent rembourser la dette de leur venue, et espèrent pouvoir s'en dégager et enfin entamer une vie normale. Parmi elles, Sisi, qui recontre un homme blanc qui tombe amoureux. Alors, elle décide de s'affranchir des règles et de tenter l'aventure de quitter le réseau. Elle sera découverte morte, tuée d'un coup de marteau. Ses trois amies et la mère maquerelle vont pleurer, accuser le choc, mais continuer leurs vies.
L'essentiel du roman de la Nigériane Chika Unigwe ne se situe pas sur le plan du polar (ceux qui chercheraient une intrigue policière en seraient plus pour leurs frais car on ne verra pas les policiers qui, de toute façon, se soucieraient peu d'une femme prostituée, étrangère qui plus est, retrouvée morte dans une ville où c'est monnaie presque courante). Le récit commence avec la mort de la jeune femme, mais remonte le temps et recrée les quatre itinéraires de vie des quatre femmes, en Afrique, puis à Anvers. La description à la fois des conditions qui obligent au départ, puis la vie restreinte en Europe, est montrée sans fard, mais sans pathos : les femmes acceptent leur sort, essaient de résilier, de continuer à vivre malgré l'adversité. Le sort de Sisi arrive de manière brutale mais prévisible, et le lecteur comprend dès le début de quel endroit, de quelle personne exactement, pourraient venir les ennuis. C'est dans la description précise, documentée, du destin de ces femmes, de la violence au Nigeria et des raison qui les poussent à l'exil, de la facilité de faire des responsables du réseau, qui ont l'air de fonctionner comme une bureaucratie parallèle, aussi efficace et amorale qu'une multinationale, que le roman interpelle ses lecteurs.
Citation
Le monde était exactement tel qu'il devait être. Ni plus, ni moins surtout. Elle possédait l'amour d'un homme bien. Une maison. Et de l'argent à elle – tout frais d'un neuf, d'un vert absolument radieux - le seul fait d'y penser la ragaillardit et, sous l'effet d'une bouffée d'excitation, elle se mit à fredonner.