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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Benjamin Kuntzer
Paris : Pygmalion, septembre 2021
194 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-08-151052-4
Coll. "Imaginaire"
Les Enfants indociles, 1
Ce qu'il faut savoir sur la série
Toc, toc, qui est là ?
La Maison pour Enfants Indociles d'Eleanor West n'est pas, loin s'en faut, une école ordinaire, et Nancy va vite s'en rendre compte. Mais Nancy elle-même n'est plus vraiment une adolescente ordinaire, depuis qu'elle a passé la porte du monde des morts. Un monde où elle n'aspire qu'à retourner, comme tous ses camarades, éjectés eux aussi de mondes féeriques ou cauchemardesques. Du pays des bonbons à celui des licornes, des landes désolées au royaume des squelettes, tous ces mondes aussi réels (sinon plus) pour eux, que le quotidien, attend leur retour, si tant est qu'ils retrouvent la porte qui y mène. Mais en attendant, ils apprennent à s'adapter au sein de cet étrange institut dirigé par une autre voyageuse des mondes. Nancy pourrait presque commencer à s'y habituer, si, soudainement, on ne se mettait pas à assassiner les pensionnaires... et qui fait un meilleur suspect qu'une fille nouvellement revenue du pays des morts ?
Auteure américaine considérée comme l'une des voix les plus prometteuses de la nouvelle génération d'auteurs de S.-F. et de fantasy, abonnée aux prix littéraires prestigieux (elle a remporté le Hugo, le Nebula, le Locus et l'Astounding), Seanan McGuire demeure pratiquement inconnue en France, où jusqu'à présent, seule une trilogie d'horreur publiée sous le pseudonyme de Mira Grant ("Newflesh") avait un peu fait parler d'elle. Avec "Les Enfants Indociles", série de novellas indépendantes tournant autour de l'école d'Eleanor West et de ses pensionnaires, qui compte déjà sept tomes en anglais, elle plonge à pieds joints dans les classiques les plus éculés du merveilleux, pour les confronter au réel du monde contemporain. Difficile, en lisant ses "Enfants Indociles", de ne pas penser à Alice au Pays des Merveilles, au "Monde de Narnia" ou à Miss Peregrine et les Enfants Particuliers, et c'est voulu. En faisant de ses héros des adolescents mal dans leur peau, incapables de fonctionner dans la réalité tant les mondes secondaires, magiques, leur paraissent plus attirants, plus vrais, elle rend obsolètes tous ces héros classiques, qui voyagent dans des mondes extraordinaires, y passent un temps considérable, et en reviennent presque inchangés. Ici, les univers au-delà des portes sont parfois très noirs, très cruels, ou délibérément absurdes et sucrés, et leur fréquentation laisse des traces profondes chez ces jeunes que leurs parents ne comprennent plus, qui s'épuisent à rechercher la porte (le fix) qui leur permettra de "rentrer chez eux". Sur cette trame sombre déroulée pourtant avec le ton allègre d'un Lewis Carroll (autre grand écrivain du sinistre), Seanan McGuire accroche les oripeaux du récit criminel en chambre, dont les élèves se font enquêteurs autant que victimes (qui a dit Harry Potter ?). Intriguant, entraînant, et n'offrant pas toutes les clés au lecteur, Les Portes perdues est un excellent roman qui se dévore à toute vitesse. Espérons que Pygmalion continuera sur sa lancée et nous offrira vite les autres textes du cycle.
Citation
Mangez, même si vous n'en avez pas envie. Vous êtes dans un lieu matériel. Du sang coule dans vos veines. Faites en sorte qu'il y reste.