Contenu
Garde le silence
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Yoko Lacour
Paris : Les Arènes, octobre 2021
406 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 979-10-375-0297-1
Coll. "Equinox"
Trafic lituanien
Tout commence avec la découverte d'un homme pendu. On s'aperçoit rapidement que le mort est un migrant lituanien. Et tout porterait à penser au suicide si ce n'est que l'on découvre un papier épinglé sur son corps, écrit en lituanien, qui rappelle que les morts ne peuvent parler. De ce message découle nombre de questions. N'est-ce pas un meurtre qui aurait été déguisé ? Une mort liée à son statut d'immigrant ? C'est alors que le propriétaire de la maison où vivait le mort (et peut-être le garde-chiourme des migrants) disparait, comme s'il appréciait peu que la police commence à tourner autour de lui et qu'il avait des choses à cacher. Mais le jeune mort avait aussi une relation ambigüe avec la voisine mariée de son "squat". Le mari aurait-il voulu se venger ?
En parallèle nous allons suivre l'enquête de la police, coincée entre des lituaniens migrants taiseux à la fois parce que parlant difficilement la langue et parce qu'ils savent que les passeurs et ceux qui vivent de leur trafic ont des moyens de pression énormes, et des groupes se constituant de "citoyens" ne voulant plus de migrants sur le sol anglais. D'autres voix se mélangent à l'intrigue, notamment celle d'une jeune femme anglaise qui est tombée amoureuse d'un migrant et qui attend un bébé de lui. Elle a l'air d'être la seule à ne pas se rendre compte que peut-être le migrant en question a des idées plus pécuniaires derrière la tête qu'une grande volonté amoureuse.
Les amateurs retrouveront dans ce troisième volet l'inspectrice Bradshaw. Son enquête permet de développer, par contrastes, le personnage du mort, restitué ici par flashback de bien belle façon. Pour le reste, le roman est noir et on aura la résolution de l'énigme, au milieu d'une description amplement documentée du sort des migrants des anciens pays du bloc soviétique (dont la destinée est comparable à celles des prostituées venues des mêmes contrées) et des actions quotidiennes des acteurs de l'histoire. Si l'on ne connait pas le sort des migrants dans ses aspects économiques, on pourra y trouver une raison supplémentaire de lire ce roman de Susie Steiner. Roman très classique dans son fond, sa forme et son intrigue, et qui se laisse lire de manière très agréable malgré la dureté de son sujet.
Citation
Après avoir récupéré les bandes des caméras de surveillance à Frinton, ils parviennent à localiser Lina, notamment grâce à sa touffe platine. Voyons Lina, pensa Mano. Tu aurais dû acheter une perruque, au moins.