On noie bien les petits chats

Les bâtiments évoquent des squelettes accusateurs dont les fenêtres vides nous observent sans ciller. La plupart d'entre eux sont des maisons de ville simples, peintes en blanc, jaune ou rouge. Comme les fantômes des rêves de l'État-providence à la suédoise.
Camilla Sten - Le Village perdu
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

On noie bien les petits chats

Psychologique - Huis-clos - Médical MAJ lundi 31 janvier 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Françoise Guérin
Paris : Eyrolles, janvier 2022
396 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-416-00381-3
Coll. "Aparté"

Lorsque l'enfant parait

Betty est une jeune femme qui a tout pour être heureuse. Et son compagnon journaliste et elle attendent un bébé. Même si son époux vient de partir pour une mission dans une région troublée du monde. Malheureusement pour elle, les premières contractions arrivent et elle manque d'accoucher devant la porte de son appartement. Elle est alors emmenée en toute urgence à l'hôpital. À son réveil, les choses sont étranges. Elle est seule dans sa chambre, son fils est ailleurs et le père serait là. Elle est prise pour folle par le service d'accouchement, mis à part par une jeune stagiaire. C'est dans ce contexte que Betty reçoit la visite d'un policier qui va l'inquiéter : son compagnon aurait été pris en otage par des groupes armés. Mais alors qui est celui qui vient s'occuper du bébé ? Et pourquoi ce père l'aurait-il prénommé Noé, un prénom qui rappelle de bien mauvais souvenirs à Betty ? Comme elle s'énerve, cela renforce l'idée qu'elle est folle, et elle est placée dans une unité annexe de l'hôpital, dirigée par un psychiatre, un endroit où on est censé "réconcilier" la mère et l'enfant. Mais à peine est-elle placée là, qu'elle fait la connaissance d'autres femmes, elles aussi un peu désorientées. Et les éléments étranges s'accumulent : un mystérieux personnage semble rôder dans l'hôpital, la stagiaire amie de Betty est retrouvée morte, personne ne sait si le journaliste est en France ou otage dans un pays lointain. Betty sombrerait-elle pour de bon dans la folie ?

Fidèle à ses habitudes, Françoise Guérin nous embarque dans un roman noir psychologique, à l'instar de ses illustres prédécesseurs Pierre Boileau et Thomas Narcejac. Betty, le personnage central, se trouve dans une situation de fragilité et le monde autour d'elle a l'air de concourir à sa perte. Difficile de comprendre, de savoir ce qui se cache derrière les sourires et les amitiés car tout peut être un piège. Ici, il s'ajoute à la hantise d'une mère qui se trouve dépossédée de son bébé. Aux trois quarts du roman, le récit de suspense se détourne vers l'action, car il faut bien résoudre l'énigme posée, les questions que Françoise Guérin a accumulées sur l'héroïne. Loin de virer au grand guignol, tout est bien mené et permet de comprendre l'ensemble des fils machiavéliques dressés par le villain de l'histoire. On noie bien les petits chats est un roman d'une grande force émotionnelle, et qui se révèle être une machine à créer du suspense et du désir de tourner les pages. Un roman de belle facture dont il serait idiot de bouder son plaisir.

Citation

Tu marches péniblement en direction de la sortie, abasourdie par ce qui vient de t'arriver. Curieusement, tu en veux moins à la sage-femme qu'à ton corps.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 31 janvier 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page