Contenu
Le Sarde
Grand format
Inédit
Tout public
Paolo Massimiliano Paterna (coloriste)
Fabio Franchi (encreur)
Grenoble : Glénat, février 2021
104 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-344-02289-4
Monde tentaculaire
De Lyon à Shanghai nous suivons le parcours de Giacomino Fara dit Le Sarde qui, entre guerre des mafias, promotion de groupes de musiques urbaines et truquage de paris sportifs, poursuit une vengeance aux motifs tenus cachés. Le Sarde est un homme qui présente bien et qui a ses entrées au stade des Lumières. Surtout, il appartient à la 'Ndrangheta, la mafia calabraise. Et à Lyon et à Grenoble, le torchon brûle entre dealers approvisionnés par la mafia calabraise et la sicilienne. Le Sarde se permet le luxe de jouer double, de suivre le vent. D'attiser les tensions même s'il dit le contraire. Mais un jour, pris dans un bouchon, il observe les exploits footballistiques du jeune Laurent Kouame, et nous n'allons par tarder à comprendre que ce jeune prodige du foot lui rappelle sans grand frère, Salvatore Cordebbu (1979-1991), disparu trop tôt alors qu'il allait rejoindre Zidane à la Juventus (en passant évidemment par la case "Centre de formation"), et oriente sa vie dans une nouvelle direction.
Le scénario de Loulou Dedola est somme toute plutôt classique avec un homme sans attaches qui mène une vendetta de l'intérieur d'un des plus sanguinaires organismes mafieux tout en montrant une vie "honorable" qui en fait un des plus loyaux serviteurs de ceux qui pourtant il trahit (Domenico Rosarno en parrain typique). L'arrivée dans cette équation du jeune Laurent Kouame et d'Angéline, sa mère, va changer cruellement la donne. Car, l'homme va prendre l'enfant sous son aile mais devra également mettre des distances. Devenu père de substitution, il va tomber amoureux de la mère puis être contraint de disparaître car condamné à errer solitaire. Le scénario s'attarde plus sur les ramifications tentaculaires de la pègre. Car la barrette de shit achetée à la Grappinière peut avoir fait l'objet d'âpres négociations avec un cartel de Colombie (et là, on en apprend un peu plus sur les transactions avec la mafia sicilienne, qui traîne ses repentis comme un boulet) avant de transiter par la Grèce tout en étant immobilisée en pleine mer Méditerranée sous les projecteurs de la police de l'immigration (et être déviée un temps vers la mafia nigériane). C'est l'ensemble de ces rouages, avec un personnage antipathique qui devient de plus en plus gris qui captive. Au dessin, Lelio Bonaccorso qui multiplie aussi les planches classiques avec un découpage dynamique sec. Qui offre quelques retours sépia dans le passé juvénile italien de Giacomino Fara, et nous propose un voyage en Chine ou tout explose. Le final s'attarde sur un match de football à Lyon avec un joueur vedette qui montre son torse tatoué d'un quatuor sarde sous les yeux d'un homme qui a vieilli. Seule éclaircie lumineuse dans une bande dessinée sombre. Mais le scénario a les avantages de ses défauts. Il est dense, brasse beaucoup d'éléments au risque d'en devenir confus et de n'aborder que certaines des pistes (les accointances entre le crime organisé et le sport professionnel). Comme si ce one shot avait été conçu au départ comme un diptyque. Le trait s'en ressent, peut-être pour les mêmes raisons. Frustrant !
Illustration intérieure
Citation
Dans la vie, il y a deux sortes de gens : ceux qui jettent de l'huile sur le feu et ceux qui jettent de l'eau. Moi, je jette de l'eau. De préférence, je jette de l'eau...