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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Mathilde Montier
Nantes : L'Atalante, octobre 2021
170 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 979-10-360-0092-8
Vengeance d'une Nation
Géorgie, 1922. Galvanisée par la sortie, sept ans plus tôt, du Naissance d'une Nation de D. W. Griffith, la population du sud des États-Unis a adopté les idéaux du Ku Klux Klan et maintient la population noire en servitude. Tandis que se cachent dans les rangs des cagoulés des monstruosités aux desseins encore plus terribles que ceux de la secte raciste, une bande de femmes d'exception se dresse sur leur chemin : noires, mulâtres, juives allemandes, armées d'une épée magique, de bombes artisanales et de sortilèges venus d'Afrique, elles sont bien décidées à leur faire payer cher leurs exactions.
S'il est né à New York, c'est à Trinidad-et-Tobago que P. Djéli Clark passe une grande partie de son enfance, et c'est dans d'autres temps et d'autres lieux, marqués au sceau du fantastique et de la fantasy, qu'il inscrit son imaginaire : dans une Égypte magique du début du XXe siècle, pour son cycle en cours du "Ministère égyptien de l'alchimie, des enchantements et des entités surnaturelles" ou dans une Louisiane teintée de steampunk et de vaudou pour Les Tambours du Dieu noir. Avec Ring Shout, sous-titré en français, "Cantique Rituel", il accroche une nouvelle corde (et même plusieurs) à son arc, en allant explorer dans les domaines de l'uchronie et de l'horreur. Son Sud colonialiste, construit sur les fantasmes véhiculés par le premier grand succès du cinéma, qui est sans doute aussi son film le plus ouvertement raciste, est gangrené tout autant par le Mal des klanistes que par les monstruosités qui fleurissent en son sein. Avec ses héroïnes, qui regroupent tout ce que les racistes de tout poil détestent, des femmes fortes, indépendantes, armées... et plus fortes qu'eux, P. Djéli Clark corrige le film de Griffith qui faisait du Klan des héros masqués opposés à une racaille noire couarde et vicieuse. Opposant le pouvoir du récit à celui de l'image, dans une langue orale riche, inspirée de l'anglais afro-américain et du créole gullah-geechee de Caroline du Nord (félicitations à Mathilde Montier qui le traduit sous une forme de créole francophone à la fois expressive et compréhensible), des chants des anciens esclaves, et de la tradition magique, chargée en références historiques subtilement détournées, P. Djéli Clark étant, dans sa vraie vie et sous son vrai nom, historien et enseignant. À juste titre couvert de récompenses outre-Atlantique (Locus, Nebula, finaliste du Hugo), ce court roman est un texte fort, ivre de justice, qui marie les genres et les influences pour accoucher d'un hybride aussi surprenant qu'addictif.
Citation
Regarde toute cette délicieuse haine. Nous l'y avons pas plantée, elle germait déjà en eux. Il a suffi d'un coup de pouce pour l'aider à éclore. Quelques bobines de Celluloïd et ils s'offrent à nous sans retenue.