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Les Disparus des Argonnes
Grand format
Inédit
Tout public
348 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-38284-202-7
Coll. "Équateurs littérature"
Quand Sade se promène sur les routes
Nous sommes en 1981. Jocelyne est une mère de famille plutôt heureuse même si les deux salaires de son mari et d'elle-même ne parviennent pas forcément à permettre une vie sans trop compter. Un de ses fils, Gilles, est en train de faire son service militaire. Lors d'une permission, il ne revient pas et n'est pas non plus passé chez sa petite amie, pourtant enceinte. Cette dernière s'inquiète et va prévenir la gendarmerie qui, elle, a l'air de ne pas s'alarmer. Mais dès la semaine suivante, Jocelyne reçoit les gendarmes qui viennent pour préciser que Gilles est considéré comme déserteur. La mère est prévenue par un camarade que Gilles a bien quitté la caserne, mais en stop, car sa voiture ne pouvait pas démarrer. Or, quand elle rend visite à la caserne, elle a du mal à se faire recevoir par l'un des supérieurs de Gilles, et elle découvre que la voiture n'est pas là... Au bout de quelques mois, alors qu'elle lit le journal, elle découvre qu'il y a d'autres cas identiques au sien, des disparitions étranges dans la même caserne. Elle essaie d'alerter l'opinion publique, va jusqu'à participer à une émission télévisée mais cela ne déclenchera rien de neuf. Nous allons à présent nous intéresser à Dominique. Grande sœur, devant le peu d'intérêt de ses parents, elle a aidé le reste de sa fratrie. Parmi eux, Guy, devenu militaire, qui est éloigné des autres. Un jour pourtant, il la contacte car il vient d'être arrêté pour avoir enlevé un auto-stoppeur, l'avoir violé (de fait il nie et dit que la victime était consentante). Il a besoin qu'elle l'aide pour trouver un avocat et aussi pour aller déplacer des affaires qui sont chez lui. Quand Jocelyne découvre ce faits divers mettant en scène un militaire qui a justement servi dans la caserne de Gilles, elle ne peut s'empêcher de faire le rapport.
Inspiré d'une affaire réelle (connue soue le nom des "Disparus de Mourmelon" ou "Affaire Pierre Chanal", du nom du principal suspect), le roman de Julie Peyr prend quelques libertés et décale quelques faits et personnages. Il ne se construit pas sur une alternance de personnages, mais sur une histoire qui avance en changeant le point de vue : au départ ce sera Jocelyne puis le récit s'élargit à d'autres acteurs, et notamment à Dominique. L'arrière-plan historique (vu à travers quelques rappels de l'actualité et chansons) rappelle une France qui s'est éloignée des mémoires : la conscription, le fait que les tueurs en série relèvent encore d'une vague rumeur (d'où sans doute une partie des réactions des autorités qui ne peuvent pas assimiler la problématique d'un homosexuel enlevant des jeunes gens pour les violer et les tuer) et que, de toute façon, les institutions étatiques (police, armée, justice) fonctionnent encore en vase clos sans trop s'occuper des populations. Ce n'est pas un polar, car il ne s'agit pas d'une enquête reconstruite, mais un roman noir, où nous verrons très peu les victimes et le coupable, mais étudierons, dans leur quotidien, les façons dont les proches tentent de vivre avec cette chappe.
Citation
Le lendemain, à son réveil, Fernand promit que ça n'arriverait plus, et lui demanda pardon. À quoi bon l'accabler davantage. Ce qu'elle subissait venait de trop loin pour lui en vouloir. Elle savait qu'il y aurait d'autres nuits pareilles à celle-là, d'autres rechutes, mais Jocelyne lui pardonna.