Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (Canada) par Françoise Bouillot
Paris : Le Masque, mars 2014
230 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-4091-9
Coll. "Agatha Christie"
Seconde chance
Quand Hercule Poirot reçoit un appel à l'aide d'un millionnaire, Paul Renauld, installé dans le nord de la France, il n'hésite pas à prendre le train en compagnie de son fidèle Hastings. Aux abords de la villa Marguerite, les deux hommes font la connaissance des Daubreuil, une mère et sa grande fille. Cette dernière semble avoir peur de quelque chose, mais Hastings tombe littéralement sous son charme, le fameux coup de foudre (alors même qu'au début du roman, son agacement face à une autre jeune femme dans un compartiment de train laisse suggérer une future passion). Dans la villa de Paul Renauld, une surprise de taille les attend : le millionnaire a été tué de nuit sur son terrain de golf, laissant une veuve éplorée, un fils tourmenté et de lourds secrets de famille à déballer. Le pardessus du mort recèle une lettre de rupture. Or Paul Renauld donnait tous les gages de la fidélité. Dans l'ombre du fils, deux jeunes femmes : Marthe Daubreuil et Bella, une artiste de cabaret. Une troisième jeune femme, sœur jumelle de Bella, traversera le roman telle une apparition gothique (c'est celle du compartiment de Hastings : le hasard fait toujours étrangement les choses).
L'aventure d'Hercule Poirot concoctée par Agatha Christie repose sur le passé de la victime (avec ses zones d'ombre), et pose les bases de la possibilité d'avoir une seconde chance. On le sait, chez la Reine du crime les apparences sont toujours trompeuses. Elle dissémine quelques pistes, donne la parole à son détective belge dont toutes les remarques doivent être prises en compte. Dans un roman hydraté à l'eau de rose, avec des femmes plus ou moins fortes qui doivent se faire une place dans la société, malgré un recours déjà utilisé au déterminisme et à l'hérédité (un enfant de criminel sera criminel), l'héritage, l'acrimonie, la vengeance et le chantage sont au rendez-vous. Comme toujours, Agatha Christie révèle les maux de la bourgeoisie (elle s'éloigne ici d'une bourgeoisie post-victorienne mais les symptômes sont les mêmes ; ici, le cancer du passé a fini par se métastaser, et un bourgeois parvenu reste avant tout un parvenu). On pourra juste regretter un final qui laisse la place à beaucoup d'impondérables, et qui ne parait pas très digne d'un coupable, même aux abois, et encore moins d'un détective belge qui laisse faire tout en se laissant déborder. Mais force restera cependant à la Loi.
Citation
Certains des plus grands criminels que j'ai rencontrés avaient des visages d'ange, répondit Poirot avec sérénité. Une malformation des cellules grises n'est pas incompatible avec des traits de madone.