Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
212 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-221-25928-3
Coll. "La Bête noire"
Soleil noir
Dans une ville sans nom et dans un futur très proche, la situation est apocalyptique. Hugo se retrouve seul, à l'abri, dans l'appartement de son père qui vient de décéder. Pour l'instant, il est du bon côté de la barrière car son secteur, même s'il n'en donne pas toutes les garanties, est le seul à receler un embryon de civilisation. De l'autre côté de la ville, derrière un mur de barbelés tenu par des miliciens, c'est la jungle urbaine, le chaos en bande désorganisée : très peu d'immeubles tiennent encore debout. Dans les souterrains du métro, on y retrouve des jeunes révoltés, idéalistes sûrement, qui ont fait le choix des armes sans les armes. Ils sont enfermés. Les sorties du métro ont été refermées sur eux. Alors pour l'instant ils dépérissent lentement en attendant l'inéluctable. Parmi eux, Pauline. Pauline c'est la petite amie de Frédo. Elle a un lien particulier avec Hugo. Et au début de ce premier roman d'Olivier Gallien, ce lien c'est Paul. Paul qui a réussi à revenir du bon côté de la ville, et qui meurt entre les bras d'Hugo, son corps criblé de balles. À partir de cet instant, il ne fait plus de doute pour Hugo qu'il lui faut aller dans ce no man's land où les snipers font la loi pour retrouver et ramener Pauline. Les deux jeunes adultes ne le savent pas encore, mais ils font chacun le chemin en sens inverse au risque de ne pas se croiser. En effet, Pauline a décidé de revenir à la lumière malgré les dangers mortels encourus. Ils trouveront sur leur route, qui Joseph (qui a un lien avec le cinéma), qui Camille (qui porte haut les couleurs de l'amour), qui un chien à trois pattes famélique. Ils trouveront surtout des raisons de vivre, mais la société en déliquescence leur offrira-t-elle un bon de sortie ?
La réalité proposée par Olivier Gallien n'est plus très éloignée de la nôtre. On devrait s'en inquiéter. Cela étant écrit, les romans (post)-apocalyptique sont légion. On pense évidemment à quelque chose entre Mad Max et Soleil vert (qui se déroule, rappelons-le en 2022), et on se rappelle le dernier ouvrage de Boris Quercia, Les Rêves qui nous restent. Alors, dans ces conditions, il est difficile de se faire sa place. Pourtant, Olivier Gallien y arrive remarquablement. Ses personnages n'ont que des prénoms et, dans un récit à deux voix, ils se dévoilent peu à peu. Toujours dans des chapitres nécessairement courts où le style prédomine de façon hypnotique. Il y a quelque chose de captivant dans l'écriture. On sent des aspérités. Mais ce monde de brutes offert propose aussi des touches de grande sensibilité. L'auteur fait intervenir les images de La Garçonnière, de Billy Wilder, et va chercher une cassette audio de Tina Turner. Surtout, dans ce western contemporain, les rencontres sont importantes, décisives et sans pitié. Quand Hugo et Pauline se retrouvent enfin, Hugo en pleine possession de ses moyens, Pauline affaiblie par le manque de nourriture, meurtrie par des hommes et blessée dans le dos par une balle, on se doute qu'ils n'ont que très peu de chance de s'en sortir. Mais le lien qui les unit est très fort. La fin, abrupte, qui tombe quasi soudainement, ne pourra manquer de laisser un goût amer. Olivier Gallien nous a proposé une épopée aussi belle que brutale, désenchantée et humaine.
Citation
J'ai appuyé sur la détente. La rafale a anéanti sa tête, pour la réduire en une bouillie qui est venue se confondre à celle encombrant déjà le sol. J'ai lâché le fusil et je me suis engouffré dans les ténèbres. J'ai marché en pleurant. Jusqu'à ce que mes jambes ne me portent plus. Et je me suis laissé tomber au sol.