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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Carine Chichereau
Paris : Fleuve noir, janvier 2010
296 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-265-08863-4
Le petit enfant, le tueur en série et la grand-mère
Steven Lamb, onze ans, aimerait bien que sa grand-mère le regarde comme une grand-mère. Il ne comprend pas pourquoi elle reste des heures devant sa fenêtre à scruter la lande. Jusqu'au jour où avec son ami Lewis, ils décident d'entrer dans la chambre interdite pour récupérer des Lego : celle de son oncle décédé des années auparavant. L'oncle Billy a été une des victimes non-avouées de Arnold Avery, un tueur en série qui purge une peine de vingt ans à la prison de Dartmoor. On a jamais retrouvé le cadavre de Billy qui sommeille sous les bruyères. À partir du moment où sa maman lui raconte la tragédie de la famille, Billy n'est plus le même. Fini les jeux de son âge, la bande des capuches peut le terroriser, le garçon n'a qu'une idée en tête : découvrir l'endroit où Billy a été enterré. Avec Lewis, ils arpentent la lande, creusent un peu partout sans relâche. Si Lewis finit par abandonner, Steven non. C'est alors qu'il décide d'écrire une lettre à Avery pour lui demander où le cadavre de son oncle se trouve. Il ne se doute pas qu'il va réveillerdes pulsions longtemps refoulées, qu'Avery va se mettre à jouer avec sa nouvelle proie avant de se mettre en tête de s'évader pour une dernière fois assouvir ses envies...
Belinda Bauer raconte avant tout l'histoire d'un petit garçon, grand frère dans une famille décidément mono-parentale, qui veut que sa grand-mère retrouve la paix et l'envie de caresser la petite tête de ses petits-enfants plutôt que de les railler. Steven a onze ans, voudrait agir en adulte, mais n'y arrive pas. Pourtant, le garçon est futé. Il arrive à déjouer la censure du pénitencier, à résoudre les énigmes du tueur, on côtoie ses peurs, ses envies, ses actes de bravoure. Notreœil sait pertinemment que Steven court à la catastrophe, et pourtant il le fait avec intellifgence et maturité. Le talent de Belinda Baueur est d'avoir campé des personnages ordinaires, qui à leurs niveaux réagissent ordinairement. Avery va s'échapper. Il sait très bien qu'après l'épisode Steven, il passera le restant de sa vie en prison, mais Avery a des pulsions, et il veut pouvoir ressentir une dernière fois ce plaisir, cette montée d'adrénaline. Il a besoin de lire la peur dans les yeux de sa dernière victime, celle qui a cru avec candeur que gentiment il lui dirait où est enseveli son oncle.
Sous les bruyères autrait pu être un banal et énième roman fait pour frissonner au moment où le tueur en série empoigne sa dernière victime qui sera évidemment sauvée d'une manière ou d'une autre. La plume caustique et grinçante de Belinda Bauer y ajoute ce petit truc sulfureux. Des pensées acides, drôles, décalées dans un univers grisâtre qu'elle peint joliment faisant de la commune d'Exmoor, qui ressemble à Ploucville, un portait en couleurs. Un thriller qui dépareilledes autres, et c'est tant mieux !
On en parle : La Tête en noir n°143 |La Tête en noir n°149
Citation
En dehors d'avoir tué des enfants, Avery a toujours respecté la loi, il vote conservateur avec un grand C, enfin il juge que les peines de prison sont en général trop courtes, et s'oppose à la libération anticipée des détenus.