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Dessaint animé
À travers dix-sept courtes nouvelles (inédites à l'exception de trois), Pascal Dessaint peint des portraits désabusés, fins et sensibles, de personnes qui n'attendent plus grand-chose de la vie, avec une forme littéraire hésitant le plus souvent entre conte et fable. Et pourtant, des réflexions métaphysiques ("Lettres à un vieux naturaliste") peuvent côtoyer les petits instants qui sont rassurants l'air de rien à l'instar de l'érection de la deuxième de ces nouvelles ou de l'observation de ces oiseaux qui sont chers à un auteur qui aime l'ornithologie et les facéties ("Le Zizi chante le soir"). Mais comme dans cette nouvelle, l'homme peut tout polluer (dans tous les sens du terme : ici c'est un caddie abandonné, couché, dans un gué), et excelle à contrarier ses propres amours (thème qui transpire dans plusieurs des nouvelles de ce recueil). Cependant, Pascal Dessaint est avant tout un auteur social et sociétal pour qui l'avenir est sombre comme le révèlent les titres de deux de ses derniers romans (L'Horizon qui nous manque et Maintenant le mal est fait). Ce terme "Mal" nous revient ici dans une nouvelle pessimiste qui donne son titre au recueil : "Jusqu'ici tout va mal". Cette nouvelle est assurément la plus désespérée de toutes avec un garçon reclus dans une maison accotée à une montagne qui menace de s'écrouler. Garçon qui subit les monologues par SMS d'un oncle dont il ne connait pas les faces les plus sombres sinon il l'aurait flingué plus tôt. La nature semble dans ce cas-là se rebeller contre l'occupation humaine, et parfois même se jouer des hommes ("La Passion des chauves-souris") qui ont sur elle bien des idées reçues ("La Corneille rôde toujours"). Malicieusement, Pascal Dessaint glisse une pointe de causticité et va puiser dans d'autres mauvais genres ("Une belle victoire") quand il installe un supporter ivre-mort dans un rade hostile. Seul écart de conduite à un recueil inspiré de l'absurdité de la vie, et où l'art de la chute (là aussi dans tous les sens que le terme admet) est maîtrisé pour autant de vignettes animées.
NdR – Le recueil comporte les nouvelles suivante : "Le Papillon orangé", "Une érection rassurante", "Les Arbres font guérir plus vite", "La Corneille rôde toujours", "La Passion des chauves-souris", "Une pêche prometteuse", "Les Lèvres parlent parfois plus que les lèvres", "La Bernache et le faucon", "Le Désir de Juliette", "Une belle victoire", "Lettre à un vieux naturaliste", "Pour des pommes", "Elle pensait", "Le Zizi chante le soir", "Jusqu'ici tout va mal", "Connaître un poète" & "Le Seau bleu")
Citation
Il se dit qu'il y avait bien trop de livres au pied de son lit, que ça perturbait sa vision du monde, qu'il n'en faudrait qu'un, qui lui donnerait confiance en l'humanité, bien qu'il doute que cela soit encore possible.