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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du japonais par Jacques Lalloz
Paris : Atelier Akatombo, janvier 2022
390 p. ; illustrations en noir & blanc ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-37927-125-0
Coll. "Policier"
Le grand nettoyage
Après Le Requin de Shinjuku, le capitaine Takashi Samejima reprend du service. Ses méthodes musclées et solitaires sont un frein à ses promotions, mais il n'en a cure : il a voué sa vie à la lutte contre les Yakuzas de Tokyo. Dans ce roman de procédures (souvent non respectées) écrit en 1991 par Arimasa Ôsawa, il va devoir faire face à une menace venue de Taïwan. En effet, un tueur aux allures fantomatique, "le Singe venimeux", vient sur le territoire japonais pour assouvir une vengeance : il a été trahi par un chef de la mafia taïwanaise, venu se réfugier chez ses collègues japonais. Le tueur, c'est un ancien des forces spéciales, un véritable caméléon assorti d'une machine à tuer rompue aux arts martiaux les plus dangereux. Heureusement, Samejima va pouvoir compter sur l'aide d'un policier taïwanais venu en sous-marin pendant ses vacances. Un dénommé Kuo, lui aussi ancien des forces spéciales et ancien ami du singe venimeux.
Le roman se lit d'une traite et propose une intrigue assez simple. Samejima passe son temps à essayer d'anticiper les faits et gestes du singe venimeux qui, lui, remonte méthodiquement la piste qui va le mener à sa cible, semant la mort sur son passage (faisant craindre à la fois une escalade de la violence et aussi une lutte des clans devant des statu quo qui s'effondrent). C'est somme toute classique, mais ce qui rend le roman particulièrement intéressant et captivant c'est bien les relations entre Samejima et les Yakuzas, l'élément corporatiste entre deux flics borderline, la tension entre les différentes factions de la pègre, et surtout comment le capitalisme permet une internationalisation mafieuse. Samejima sait qu'il ne peut éliminer la pègre japonaise (on comprend d'ailleurs sous la plume d'Ôsawa à quel point elle est omniprésente), mais dans un pays de traditions et de respect (plus ou moins franc), il ne cesse de montrer son dédain à ces hommes, qu'il n'hésite pas à houspiller, à maltraiter, à provoquer, sûr de l'impunité que lui confère à la fois son statut de policier et sa réputation chez les "Boss", comme les appellent les seconds couteaux de la mafia japonaise. Le roman s'attarde plus particulièrement sur deux axes : les rapports mafieux entre le Japon et Taïwan (avec un détour géopolitique sur la stratégie chinoise pour saper le gouvernement taïwanais), et le travail nocturne dans le quartier de Kabukichô. Dans les deux cas, la mécanique littéraire est bien au point. Et puis Arimasa Ôsawa joue sur deux ressorts sentimentaux : une amitié profonde entre deux jeunes adultes déracinés qui ont été des forces spéciales de Taiwan et une histoire d'amour entre le tueur et une hôtesse de bar. Après le requin et le singe, on attend avec impatience quel nouvel animal va pointer le bout de son nez.
Citation
Une fulguration éblouissante et une explosion assourdissante emplirent la pièce. L'œil de Yeh enregistra l'expression tourmentée de son garde du corps, mains contre les oreilles et les yeux fermés.