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Grand format
Inédit
Tout public
296 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5581-5
Coll. "Noir"
Actualités
- 01/07 Festival: Avant-goût de TPS 2022
La quatorzième édition du festival noir de la Ville rose aura lieu les 7, 8 et 9 octobre prochains. La liste des auteurs invités est établie, le programme aussi dans les lignes maîtresses mais il est encore un peu tôt pour aller, ici, au-delà de la dépêche. Aussi nous bornerons-nous pour l'heure à annoncer quelques éléments-clefs. D'abord le thème retenu : "Aux frontières du polar..." ; un intitulé assez polysémique dont on se dit qu'il questionne aussi bien la géographie que les définitions de genres et de registres littéraires. Puis les dernières sélections, qui sont désormais connues, pour les deux récompenses attribuées pendant le festival :
Prix Violeta negra Occitanie
Six romans figurent dans la sélection finale :
Une affaire italienne, de Carlo Lucarelli (Métailié)
Casino Amazonie, d'Edyr Augusto (Asphalte)
El Edén, d'Eduardo Antonio Parra (Zulma)
L'Étrangère, d'Olga Merino (Dalva)
La Vague arrêtée, de Juan Carlos Méndez Guédez (Métailié)
Haine, de José Manuel Fajardo (Métailié)
Prix France Bleu Polars / Polars du Sud
Pour sa deuxième édition, ce prix récompensera un roman dont l'intrigue se situe en France, choisi parmi les suivants :
L'Heure du loup, de Pierric Guittaut (Les Arènes)
Jeannette et le crocodile, de Séverine Chevalier (La Manufacture de livres)
Nueve cuatro, de Nicolas Laquerrière (Harper Collins)
30 grammes, de Gabrielle Massat (Le Masque)
Le Vestibule des lâches, de Manfred Kahn (Rivages).
En cas d'indécision pour préparer ses lectures de vacances, on peut déjà s'inspirer de cette petite liste – ainsi que des autres sélections déjà publiées pour les futurs prix noirs automnaux...
Liens : L'Heure du loup |Jeannette et le crocodile |José Manuel Fajardo |Séverine Chevalier |Toulouse, polars du Sud
Le loup est un homme pour le loup
Dans le final du Vestibule des lâches, on apprend que l'un des personnages a découvert une fresque préhistorique dans une grotte et qu'elle sera présentée au monde. Et dans cette grotte, les archéologues trouveront un couple et leur enfant, préhistoriques, morts et sans doute tués. C'est bien ce double regard qui va s'appliquer à tout le roman de Manfred Kahn : d'un côté la beauté, le besoin de civilisation et, de l'autre, le goût profond et très ancien pour la violence, la mort, y compris au sein des familles. Le récit va se centrer autour de trois personnages. Victor, ancien professeur gravement blessé lors des attentats de novembre 2015, au cours desquels sa femme et sa fille sont mortes. Désespéré, il s'est réfugié dans la Vallée, où il a vécu enfant. Charles, un homme du coin, lié à des affaires malhonnêtes, et qui vit en maintenant une pression virile sur ceux qui l'entourent. La troisième personne est sa femme, Josepha, une femme qui commence à être fatiguée d'un mari violent et macho, et qui semble découvrir chez Victor un homme plus humain. Une relation s'engage entre les deux êtres solitaires, mais évidemment tout se sait dans le village, et le mari ne supporte pas que l'on se moque de lui. C'est alors que Victor revient d'un voyage pour son travail, et découvre son chien mort, laissé sanglant dans sa cuisine. Il sait qu'il est temps, à présent, que la vie et la beauté gagnent sur le poids des traditions ancestrales et les pesanteurs des baronnies locales. Mais peut-on gagner contre le Mal ?
Le roman de Manfred Kahn est une évocation rude d'une vallée campagnarde reculée, où un homme fait sa loi, en s'appuyant sur les fidélités et les chantages. Face à lui, un professeur, au profil meurtri, qui entend juste se reconstruire, et une femme qui veut souffler et avoir du bonheur. Peu à peu, pour obtenir ce bonheur, les deux se rendent compte qu'il faudra qu'ils deviennent peut-être ce qu'ils reprochent aux autres. Servi par un décor qui tient du révélateur, plus que du consolateur (car la forêt c'est aussi l'endroit où rôdent des loups dont le personnage garde un souvenir effrayant), la montagne est à la fois un lieu propice à la chasse, mais aussi un réceptacle pour un passé merveilleux. Dans ce décor écrasant, des silhouettes tentent de vivre, fourmis minuscules dans un monde immense. Dès le début, le lecteur sait qu'il se trouve dans un grand roman noir, car le drame sourd, le poids de la tragédie s'installent et ne le quittent pas, s'insinuant dans les relations entre tous les personnages (une voisine qui ne veut pas choisir, d'autres habitants qui ne sont que des silhouettes), s'ajoutant à leur rapport avec le monde naturel, où grimper une montagne c'est s'exposer à une avalanche de pierres qui vous blesse, manger de l'herbe pour un mouton c'est risquer de se faire dévorer par un loup. Le Vestibule des lâches est un magnifique roman noir, écrit au cordeau, décrivant les personnages et les lieux en essayant de s'inscrire dans la tradition distanciée du genre, où les actions sont décrites et cela suffit. Il se hisse au niveau des meilleurs textes de Pierre Pelot et de maints auteurs étrangers (souvent américains) qui travaillent autour des hommes perdus dans des espaces trop grands pour eux mais où il faut bien se faire une place.
Citation
Victor la recouvrit du tissu grossier, la serra contre lui et la poussa au milieu des hommes qui étaient maintenant pareils à des troncs après un incendie. Ils s'écartèrent à peine, ils devaient les frôler, les pousser.