Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) par Roxane Azimi
Paris : Archipoche, octobre 2022
294 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 979-10-392-0034-9
Coll. "Archipoche"
Les Enquêtes de Roderick Alleyn, 2
Ce qu'il faut savoir sur la série
Cherche la clé, Alleyn
Dans le sillon de la romancière anglaise Agatha Christie, la Néo-Zélandaise Ngaio Marsh propose à partir de 1934 des whodunit londoniens mettant en scène l'inspecteur principal Roderick Alleyn dans une ambiance calfeutrée. Deuxième de ses aventures, L'Assassin entre en scène, fera quelques modestes rappels au premier volet, Et vous êtes priés d'assister au meurtre de..., ne serait que pour expliciter les rapports entre le policier Roderick Alleyn et le journaliste et ami Nigel Bathgate. À l'instar de la Reine du crime, Ngaio Marsh aime bien les fausses pistes. C'est ainsi qu'elle débute son roman par un prologue explicite qui suffirait à réduire à néant son intrigue, sauf que l'on comprend très vite que ce sera un peu plus compliqué que cela. Tout débute réellement au théâtre de la Licorne avec la représentation de la pièce Le Rat et le Castor. L'un des comédiens en tue un autre avec une arme qu'il croyait chargée à blanc. L'inspecteur de Scotland Yard et le journaliste assistent au drame depuis leurs sièges dans les tribunes. Le premier ne tardera pas à prendre l'enquête à son compte, et le second à la couvrir pour son journal tout en y participant plus ou moins activement en sa qualité de fidèle Dr. Watson – c'est-à-dire qu'il prend des notes, tire des conclusions hâtives et erronées, et mêle ses sentiments à la raison. Le mort, Arthur Surbonadier, n'était pas un garçon très sympathique. Il faisait chanter son oncle, promoteur de la troupe de comédiens. Les membres de la troupe semblent tous le détester, y compris une actrice qui avait cédé à ses charmes. Se mêlent à l'intrigue un trafic de stupéfiants, une histoire de faux en écriture qui remonte des années en arrière ainsi que quelques affaires mineures, tout ceci ayant pour incidence que le mobile du crime n'est guère évident. Pire : la victime pourrait même s'être suicidée (elle était déjà ivre sur scène). Roderick Alleyn appartient à cette classe de héros bourgeois chargés de faire respecter l'ordre, qui jugent tout en ayant l'air de ne pas juger, et qui sont moralement irréprochables. C'est un censeur (il corrige les articles de son ami avant publication). Il est omniscient (il en connait régulièrement plus que le lecteur sans que celui-ci puisse avoir l'opportunité de faire les mêmes découvertes que lui). Il a des appuis forts dans le système judiciaire (il peut se permettre de cacher des éléments lors de la reconstitution des faits, étape importante du système judiciaire britannique), et tel Hercule Poirot, il se met en scène dans un chapitre final pour confondre le coupable, qui sera bel et bien celui que l'on n'attendait pas. Et surtout c'est un héros de la nation après son premier succès à qui ses hommes vouent un culte sacrificiel. Ngaio Marsh dépeint merveilleusement un petit milieu artistique narcissique. Elle ajoute une pointe d'humour et propose des personnages ayant chacun un bon profil psychologique (même si l'on peut lui reprocher quelques traits issus du déterminisme). L'enquête est somme toute assez légère, mais l'on est bien plus dans le whodunit que dans le cosy crime, qui sera la marque de fabrique de la romancière. Dans le genre d'enquêtes post-victoriennes qui nous alarment les neurones sans pour autant nous plonger dans une réalité crasse, c'est plutôt bien mené même si L'Assassin entre en scène est inférieur en qualité à la plupart des romans d'Agatha Christie. Cela dit, il n'en a pas moins un charme désuet.
Citation
La méthode des empreintes digitales est bien trop connue de nos jours pour que le moins doué des criminels s'y laisse prendre.