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Grand format
Réédition
Tout public
Clint Eastwood (acteur)
Paris : Warner Bros., mars 2022
1 combo 4 K Ultra HD + Blu-ray Zone 2 ; couleur ; 19 x 14 cm
Ça recommence à Vera Cruz
Depuis 2018 et La Mule, on suit Clint Eastwood faire des allers et retours vers le Mexique dans un pick-up. À vrai dire, ça fait des années que le réalisateur (et acteur) américain nous a dévoilé son attirance pour ce véhicule (Doux, dur et dingue & Ça va cogner). Dans Cry Macho, malgré ses quatre-vingt-dix ans, Clint Eastwood reprend le volant après avoir délaissé le rodéo avec un dos en vrac, et endosse l'identité de Mike Milo. Mais cette fois c'est à l'instigation de son ancien patron qui lui demande poliment d'aller au Mexique retrouver Rafo, treize ans, le fils qu'il a eu avec une femme avec qui il est en affaire (ce que Clint ne sait pas). Le gamin (des rues) va être vite retrouvé et, comme d'habitude dans ce genre de films, si l'aller a été court, le retour va s'annoncer un peu plus long entre courses-poursuites avec des membres d'un gang, les federales qui regardent d'un mauvais œil ce gringo, et une halte salutaire au côté d'une femme quadragénaire abîmée par la vie, et qui tient une cantina en élevant ses petites filles dans le respect de l'Église. Cry Macho est faussement naïf et véritablement élégiaque même si la notion de violence au Mexique paraît sortie tout droit de la fiction, et que par moment, on est submergé par les bons sentiments. Ce qui est intéressant n'est pas tant l'idée que l'on se fait de la virulence du coup de poing qu'assène Clint Eastwood (quatre-vingt-dix ans) à un Mexicain, que le cadre que choisit le réalisateur pour donner à ce film évidemment testimonial les regrets d'un homme aux portes de la mort. Et ses regrets s'ils sont nombreux sont surtout cristallisés par l'image qu'il a longtemps donné de lui. Il y a une relation évidente, tutélaire et initiatique entre Milo et Rafo (ce dernier regrettant que Milo ne soit pas son père, et lui servant souvent de guide dans un pays que Milo ne comprend pas), et Milo va tenter de convaincre Rafo que l'on ne doit pas être macho. Clint Eastwood grave dans le marbre que l'image qu'il a donné au cinéma n'est pas la bonne, et que s'il fallait recommencer, elle serait tout autre. Il débusque Rafo lors d'un combat de coqs clandestin. Le coq de Rafo s'appelle Macho, et l'on a là un ensemble imagé qui fait sens : Clint a toute sa vie été le macho au cœur d'un combat de coqs, et il le re-gre-tte. Mais comme c'est Clint, et qu'il pense que tout un chacun doit faire son expérience, il ne tente à aucun moment d'influer la destinée de Rafo (on peut même voir en Rafo un Clint jeune). Et même s'il sait l'ordure qu'est son père, il lui ramène à la frontière. Ce qu'il n'aurait pas fait au début de sa carrière (mais il a une autre raison plus personnelle). On quitte ce film à regret, en se disant que c'est peut-être la dernière fois qu'on voit l'acteur dans un de ses films. Ce projet avait déjà été envisagé en 1988. C'est aussi une façon de faire le tri dans une vie que de boucler de vieux dossiers cinématographiques.
Cry Macho (Cry Macho, 2021) : réalisé par Clint Eastwood sur un scénario de Nick Schenk et N. Richard Nash, d'après le roman éponyme de N. Richard Nash. Avec : Clint Eastwood, Dwight Yoakam, Daniel V. Graulau, Eduardo Minett, Natalia Traven, Horacio Garcia Rojas, Fernanda Urrejola, Ana Rey...
Bonus. "En selle" : le making of de Cry Macho (12'17", VOST).
Citation
Ouais. J'étais beaucoup de choses que je ne suis plus. Et je vais te dire : vouloir être un gros dur, ça sert à rien. Pour lui, c'est parfait. Mais ça sert à rien. Les gens essaient de jouer les gros durs pour montrer qu'ils ont des tripes. Ils n'ont plus que ça à la fin. Tu laisses un taureau te piétiner. Tu laisses un cheval t'envoyer valser à quinze mètres du sol. Quel idiot. Faut être idiot pour faire un métier pareil. C'est comme toute la vie. On croit tout savoir et en vieillissant on s'aperçoit qu'on sait rien. Quand on s'en rend compte, il est trop tard.