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Grand format
Inédit
Tout public
138 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-35887-802-9
Coll. "Littérature"
L'homme en noir
Dans un court roman au style précis, Chaïm Helka revient sur la vie tourmentée d'un homme qui a vécu l'Histoire, parfois de façon égoïste, à travers un épisode de chasse dans la forêt. Épisode qui pourra prendre des allures fantastiques.
Derrière ce titre étrange de Sarasqueta se cache un fusil de chasse modèle Eder G de 1909 conçu par l'armurier royal. L'histoire, avec un "h" minuscule, elle, se déroule en 1936 en Espagne. Si la Guerre civile remonte à l'esprit du lecteur, elle ne sera abordée que de façon figurative, allégorique et imagée par l'auteur. Ce qui intéresse plus particulièrement Chaïm Helka, c'est la trajectoire ordinaire de son protagoniste, Alfonso Gutiérrez, qui a bien des parts d'ombre. Au début de l'intrigue, il s'arme pour aller chasser dans la forêt avec ses deux chiens. Il a la soixantaine bien tassée. C'est dans la forêt qu'il va croiser l'homme en noir. Ce dernier abat ses chiens non sans lui faire des signes de connivence. Puis, il blesse Alfonso, qui commence à fuir cet homme qui le poursuit inlassablement mais qui en même temps prend tout son temps. Alfonso, lui, se met à compter et à économiser ses munitions. Surtout, il revient sur son passé. Sur ce qu'il a fait, sur les promesses non tenues et sur ses faiblesses. On apprendra qu'il a traversé l'Atlantique pour aller faire fortune aux États-Unis, mais qu'un "coup du sort" l'a fait revenir en Espagne, et à vivre un drame familial dont il porte aujourd'hui encore le fardeau. Petit à petit, Chaïm Helka dresse le portrait d'un homme tourmenté dévasté par une époque dévastatrice sans un instant le juger. Alfonso n'est pas un personnage picaresque même si le roman est placé sous son sceau. C'est plus un personnage mythologique (la mythologie est importante dans l'écrit de Chaïm Helka), absolument pas mythique, berné par des illusions, bercé par des rêves, et qui a dû se prendre la réalité de pleine face. Alors il a fait des choix de conscience dont il paie (enfin) le prix dans la forêt. L'histoire se déroule à travers de trop maigres pages, sans pathos, avec un style parfois d'une froideur crue. Il y a de la tendresse implacable dans la prose de l'auteur, et une jolie poésie sombre. Il sera difficile de quitter l'atmosphère de ce roman qui est une variation fine sur le prédateur qui devient une proie.
Citation
Il avait appartenu aux régiments d'incomptables qui avaient alimenté le bestial et insatiable appétit de ce continent, de ceux qui avaient espéré se repaître d'un postillon arraché à sa bouche dévoreuse. Alfonso prenait place parmi cette multitude qui avait solidifié l'ossature du rêve et graissé ses muscles, de ceux qui, dans le langage moderne, prenaient le nom de 'piston'.