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Grand format
Inédit
Tout public
228 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-37453-922-5
Coll. "Les Reines du crime"
Les bons comptes font les bons Samis
À Forsøl, non loin de Hammerfest, sur la bordure du Finnmark, la neige étouffe bien des drames... C'est ainsi que Maja a d'abord perdu son premier amour, Niilas, qu'on présume enfui loin de sa femme et de sa jeune fille Mari. Mari qui a disparu à son tour après ce qu'on pense être un accident. Maja se cramponne à l'espoir qu'elle est encore vivante quelque part... Elle a fini par se remarier avec Bjarne Hansen, qu'elle connaît depuis l'enfance. Il est le fils de Stenihar Hansen, un politicien réputé. C'est un bon mari, mais qu'elle n'aime pas comme Niilas. Il lui a donné un fils (de huit ans aujourd'hui), Kristian, source de conflit avec la mère de Maja, Miina, qui voudrait lui faire suivre une éducation Sami, le peuple de leurs ancêtres — bien que Maja soit russe par son père. Maja l'institutrice qui rumine ses malheurs qu'elle noie dans l'aquavit tout en écrivant dans le journal que lui a offert Bjarne. Mais suivant les conseils de sa belle-mère, elle va voir un shaman local qui lui permet de revoir le jour fatidique de l'accident. Or il lui manque toujours un détail. Et si Mari était encore vivante après tout ce temps ? Et d'ailleurs, Niilas s'est-il vraiment enfui ?
L'étiquette "thriller psychologique" est souvent un blanc-seing pour remplir des pages et des pages où il ne se passe rien (surtout chez les Anglo-Saxons, voire les Scandinaves). Nul doute qu'entre les mains d'un tireur à la ligne stipendié, ce court roman (selon les critères actuels) eût donné cinq cents pages bien étirées... Là, on se centre surtout sur ce portrait de femme meurtrie qui n'est d'ailleurs pas forcément positive, évitant le cliché de la mère-courage. C'est aussi le portrait d'un mode de vie exotique à travers de ces personnages tiraillés entre deux cultures (les Samis sont des autochtones qui depuis la Préhistoire parcourent des terres entre la Suède, la Norvège et la Finlande — ne les appelez pas Lapons, le terme étant à l'origine péjoratif, signifiant "en haillons") que Kristel Petersen, l'auteure franco-norvégienne, semble bien connaître et qu'elle fait ressentir de l'intérieur, sans en rajouter dans le pittoresque ou les pavés explicatif. Évidemment, le lecteur de polar aura très vite deviné qui est forcément coupable de tout, politiquement correct oblige, mais c'est la rançon du genre... Un premier roman très atmosphérique et plutôt réussi, et une nouvelle réussite pour un de ces éditeurs dits "petits" qui n'ont rien à envier aux "gros", si ce n'est la mainmise sur les têtes de gondoles...
Citation
Il était effrayé de sentir à quel point il l'aimait, même après cinq ans de mariage. Cet attachement puissant s'était développé depuis le jour de son entrée au lycée : en arrivant dans sa nouvelle classe, il n'avait vu qu'elle, avec ses grands yeux bleus au regard doux et son beau visage auréolé de cheveux blond presque blanc. On aurait dit une fée.