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Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hubert Tézenas
Paris : Rivages, janvier 2019
300 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-4589-2
Coll. "Noir", 1071
Crime de sang-mêlé
Les éditions Rivages continuent leur exploration de l'œuvre de Jim Thompson en proposant des nouvelles traductions de ses romans. La Cabane du métayer suit chronologiquement L'Assassin qui est en moi en cette année 1952. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est le plus lumineux des deux. L'action se situe dans une petite ville de l'Oklahoma. On est en pleine ruralité américaine, et pour un peu on se croirait dans un roman d'Erskine Caldwell, dans ce Sud profond où les sentiments s'exacerbent. Tommy Carver, le héros malgré lui de cette histoire, effectue sa scolarité dans un lycée où il est plutôt bien vu de ses enseignants. Il est amoureux fou de Donna, une fille qui a du chien, mais pour son plus grand malheur, son père à lui, looser magnifique, fermier de quelques hectares qui lui appartiennent, n'aime absolument pas Matthew Ontime (il faut lire l'explication du nom pour comprendre un peu l'état d'esprit), son père à elle. Peut-être est-ce parce que c'est un sang-mêlé et que l'Amérique rurale est ancrée dans ses racines racistes. Plus sûrement est-ce parce qu'il y a du pétrole sous cette terre, et que son exploitation dépend de la vente des terres du père de Donna, qui entourent celles de Carver. Le père de Donna est un riche cultivateur humaniste. Un soir de beuverie, après que le père de Tommy se soit monté la tête, lui et Tommy partent voir Matthew Ontime avec l'envie d'en découdre. Les choses ne se passeront pas tout à fait comme prévu. Mais comme d'habitude chez Jim Thompson, l'intérêt réside dans les portraits psychologiques contrariés de ses personnages. À commencer par ceux de la fratrie Carver (Tommy, sa sœur Mary et leur père), une fratrie qui explose très vite sous le coup des sentiments amoureux, des révélations tonitruantes et une trahison grandiose. Tommy est accusé du meurtre de Matthew et, de façon insensée, il s'enfuit dans les marais pourchassés par le shérif du comté. Mais alors que dans ses romans Jim Thompson s'ingénie à faire s'enfoncer ses personnages (qui d'ailleurs refusent systématiquement toute porte de sortie), ici il semble plus porté à la mansuétude. Le roman se lit d'une traite avec un plaisir évident.
Citation
Je crois que le pire, quand on perd tout ce pour quoi on a toujours vécu, c'est de ne pas réussir à verser une seule larme dessus. Parce que ça ne vaut même pas ça, une petite larme de rien du tout.