Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
Politique-friction
Si vous voyez sur votre écran d'ordinateur les mots "Est-ce que tu aimes ?", n'ayez jamais la mauvaise idée de taper "Oui" en réponse. Enfin, à moins que vous fassiez partie de la poignée de pervers fortunés capables de payer très cher pour le, hem, le plaisir d'avoir droit d'assister à un snuff-movie en direct, partagé entre les voyeurs, qui se contenteront d'assister, et les "saigneurs" qui décideront des sévices à faire infliger par le bourreau. Ou plutôt la bourreau, puisque c'est indéniablement une femme qui offre aux pervers leur dose de sadisme. Lorsque Quentin Falconnier, policier spécialisé dans la cybercriminalité, tombe sur cette matérialisation des Red Rooms, véritable légende de l'Internet, il se voue à faire tomber cet ignoble réseau et plus encore cette louve tortionnaire... Ancienne policière écartée du métier suite à une bavure, traumatisée par le suicide d'une amie, Estel Rochant est une épave qui ne tient plus que par la violence, celle qu'elle exerce en tant que combattante de MMA, et dans ses fonctions de garde du corps. Une violence qui commence à avoir des séquelles sous formes de trous noirs dont elle perd tout souvenirs... Suite à une mauvaise expérience, elle entre au service d'Aymeric Dardeau, un écrivain sulfureux mais à l'immense succès. Contre toute attente, elle doit le protéger de... sa propre femme, Nadia, dépressive sujette à des accès de violence durant lesquels elle l'a déjà poignardé. Du moins le prétend-il. Mais lorsqu'elle se rend chez Nadia, Estel se fait assommer d'un coup de matraque. Lorsqu'elle revient à elle, Nadia est morte, défenestrée et empalée sur la grille. Que s'est-il passé ?
On avait quitté Cédric Sire avec le très réussi Vindicta, aussi attendait-on son retour avec une certaine impatience. Deux intrigues qui se suivent donc et dont on se doute qu'elles vont se rejoindre avec des personnages encore plus fouillés qu'à l'habitude — Estel Rochand pouvant être une sœur de la Lise Lartéguy de Jacques-Olivier Bosco, moins les côtés ambigus, la violence n'étant nullement glorifiée et s'arrêtant toujours bien avant de sombrer dans la complaisance. Mais l'ennui, c'est qu'avec cinq cent cinquante pages bien tassées, il faut remplir du signe... Si on ne peut parler du syndrome de la série télévisée, le style de l'auteur étant toujours aussi percutant, loin du ronron soporifique des scribes inféodés à la férule cathodique, mettons que resserrer certains épisodes aurait donné plus de relief à l'intrigue. Du coup, comme on s'en doute, il y aura des révélations finales, mais celles-ci sont assez embrouillées par la nécessité de nouer les fils de chaque personnage et pas toujours très crédibles jusqu'à un relatif happy end qui détone un peu. Pire, sans déflorer, un des personnages "positifs" change soudain de statut sans que rien ne l'annonce vraiment, ce qui n'a guère de valeur ajoutée. Pas le meilleur de l'auteur donc, même si on ne va certainement pas taxer le tout de "mauvais"...
Citation
Son blackout ne dura peut-être que quelques secondes. Mais il fut total. Estel perdit la notion de l'espace, du temps, de son propre corps. Elle entendit seulement un long cri déchirant qui semblait vouloir perforer ses tympans.