Shaft, Shaft, Shaft !

Ainsi, tandis que Buffalo Bill poursuivait son immense périple autour du vide, n'attirant plus autant les foules qu'auparavant, perdant de l'argent même, et cependant incapable de s'arrêter, Elmer fondait Luna Park.
Éric Vuillard - Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

Shaft, Shaft, Shaft !

Hard boiled - Gang - Trahison MAJ jeudi 05 mai 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 15 €

Ernest Tidyman
Shaft's Big Score - 1972
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Hall
Paris : Le Cherche midi, mai 2022
244 p. ; 19 x 13 cm
ISBN 978-2-7491-7323-8
Coll. "Borderline"

Cinq cent mille dollars au cimetière

John Shaft est un détective noir américain d'un genre un peu particulier. En effet, il a des méthodes musclées et n'hésite pas à se servir d'une arme face à la pègre new-yorkaise. Il vit dans un appartement ravagé par les cafards, mais n'exclut pas des vacances au soleil. Mais comme toujours, le retour à la réalité est difficile. Son ami, Calvin Monroe Asby, des pompes funèbres Asby-Kelly, le somme de venir le retrouver à son bureau non sans l'avoir engagé et assuré d'une somme rondelette (cinq mille dollars). Mais l'immeuble dans lequel se trouvent les bureaux de l'entreprise explose avant l'arrivé de Shaft, et Asby laisse une veuve éplorée (Arna dont était – est encore – amoureux Shaft) et une foule de questions (on retrouvera des traces de dynamite). Contrairement à ce que pouvait penser Shaft, la probité de son ami est alors mise à rude épreuve. Lui et son associé (Albert J. Kelly) étaient collecteurs pour la loterie clandestine dans le secteur de Queens, et à l'instigation d'Arthur Sharrett, ils se sont retrouvés au milieu d'une guerre des gangs. D'un côté Gus Mascola, origine italienne, accompagné de tueurs implacables, de l'autre Persons les Gnons, New-Yorkais pure souche qui tâte des poings dans les ruelles sombres. Pour rajouter au tableau, cinq cent mille dollars se sont fait la malle ou plutôt le cercueil. Car si tout le monde va chercher l'argent pour des raisons diverses et personnelles (sous le regard impassible de l'inspecteur de la criminelle Pete Bollin), le lecteur sait que le magot repose six pieds sous terre en compagnie du cadavre d'Asby. Après bien des pérégrinations urbaines avec quelques tueurs abandonnés sur le macadam, l'explication finale aura lieu dans un cimetière pas très calme en une variation moderne d'un duel de western. Ernest Tidyman a consacré six romans dans les années 1970 à ce personnage culte du cinéma de la blaxploitation (le premier Les Nuits rouges de Harlem étant la novélisation du scénario de Shaft, 1970). Shaft, Shaft, Shaft ! est un roman à l'écriture nerveuse et caustique, à l'intrigue linéaire mais bien ficelée. Si le détective noir est un révélateur des curseurs sociaux et sociétaux de New York, c'est également un personnage qui agit mené par une vengeance basée sur l'amitié indéfectible qu'il porte à une victime de la pègre. Pourtant, on croit à ce personnage, ancêtre de certains de George P. Pelecanos et d'Elmore Leonard. Il traine son fusil à canon scié un peu partout, fait quelques cartons, conduit une Ferrari qu'il abandonne, croise une femme érotomane qui le fatigue alors que dans le même temps il fait des rêves au sujet d'une assistante d'un dentiste et ne faiblit pas devant les avances de son amour de jeunesse. Acteur type du revenge justice, Shaft est un personnage singulier et attachant qui fait ici son retour dans une réédition qui se veut résolument tournée du côté du pulp (mais a un prix détonant) dans la nouvelle collection "Borderline" du Cherche midi.

Citation

Arthur Sharrett s'était frayé un chemin jusqu'au sommet. La réussite l'avait rendu arrogant et ignoble. Mais il est probable qu'il se serait montré tout aussi arrogant et ignoble dans l'échec.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 05 mai 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page