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GoSt111
Grand format
Inédit
Tout public
200 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 20 cm
ISBN 978-2-344-02697-7
Trahisons contraintes
Goran Stankovic se retrouve licencié après avoir perdu son permis de conduire. Vu qu'il est livreur c'est plutôt embêtant, et quand il demande s'il peut effectuer des livraisons à scooter on lui rétorque qu'il lui en faut un. Goran Stankovic n'est pas une flèche. Il a le physique d'une grosse brute. Mais ce n'est pas un simplet. Surtout il a une bonne motivation pour retrouver assez rapidement du fric : sa gamine. Il l'élève avec Baba, la grand-mère, sa mère à lui. Elle, elle le regarde d'un air sévère dans sa descente programmée aux enfers. Car la fille de Goran a une maladie du cœur. Car la fille de Goran est tout pour lui. Alors Goran traîne dans la cité. Une cité sous l'emprise du marché de la drogue. On apprendra plus tard que son ex-compagne est addict à la cocaïne. Qu'elle ne vaut pas grand-chose même si elle dit vouloir s'en sortir. On la verra s'essayer au chantage sur Goran quand ce dernier sera aux abois, l'étau se resserrant autour de lui dangereusement. Dans l'intervalle, l'action débutant en 2012, Goran aura traité avec des trafiquants, et aura été arrêté une première fois. Et là, sa rencontre avec un flic un peu particulier, qui joue avec le cadre de la Loi et qui adore être un franc-tireur, précipitera sa chute. Il s'appelait Goran Stankovic, il devient GoSt111 (un matricule formé par les deux premières lettres de son prénom puis de son nom suivi d'un indicatif), un indic' qui doit donner des informations sous peine de retrouver le juge qui l'a mis en liberté sous contrôle judiciaire. Un indic' contraint de frayer avec la pègre serbe, arabe et chinoise pour donner à son flic de quoi le faire mousser auprès de sa hiérarchie. La bande dessinée de Mark Eacersall, Henri Scala et Marion Mousse se veut une immersion totale dans un monde peu connu. C'est une belle réussite qui allie un scénario peu bavard à des illustrations la plupart du temps statiques. On se prend d'affection pour le personnage de GoSt, malgré son histoire emplie de pathos, qui est contraint, parce qu'un jour il a commis un acte transgressif, de plonger dans l'irréparable sous couvert d'un flic véreux. On le découvre aux abois pris dans un filet inextricable avec des brutes de part et d'autres. Mais on le débusque également plutôt rusé quand il accepte de devenir l'indic' de plusieurs services même s'il finira par se faire prendre au cours d'une affaire rocambolesque quoique pressentie. Henri Scala est commissaire de police. C'est peut-être lui qui permet à cette bande dessinée de transpirer d'un réalisme crade. On se rappelle évidemment d'un ancien commissaire de police de Lyon qui a franchi la ligne rouge qui sépare légalité d'illégalité, et nul doute que ce Lemaître, est son alter ego. À travers cette histoire sordide, surnagent deux figures lumineuses, qui sont des femmes : la propre mère de Goran, et une fliquette qui veut que l'ordre revienne dans le service qu'elle vient d'intégrer. C'est peut-être elles qui amènent une certaine touche humaniste. Quant au personnage de Goran, il réapparait en toute fin de bande dessinée en 2019. Transfiguré ? À vous de juger !
Citation
Toi, t'as une tête qui plait au malheur.