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Comme une éruption volcanique
Nous sommes sur une île, près du Stromboli, lieu de vacances et de découverte des volcans. Il y a un hôtel, géré par Guillaume, un homme, ancien militaire et mercenaire, aidé par son bras droit, lui aussi autrefois soldat, et sa fille Giulia. La mère est décédée et cette ancienne mort pèse sur le reste de la famille. Dans cet hôtel, de nombreux touristes viennent pour se ressourcer et visiter l'âpre nature. Mais c'est aussi parfois le moment pour décompresser, se rapprocher au sein d'un couple ou à l'inverse de prévoir des séparations, le tout sur fond de non-dits, de gestes inachevés, où chacun a ses propres secrets, ses mystères qu'il ne veut pas dévoiler. Alors que le volcan gronde parfois, que des séismes perturbent la vie paradisiaque, la chaleur règne et exacerbe les passions, les rancunes. Peut-être qu'une grande balade sur les flancs du volcan pourrait calmer les pensionnaires. Guillaume se dit que peut-être ça changerait aussi les idées de sa fille et pourrait l'empêcher malgré son jeune âge de trop se lier avec un homme qui travaille dans le coin, un jeune homme auquel le patron de l'hôtel ne fait pas confiance. Ou alors ce sont les frais et la possibilité que la gestion de l'hôtel ne lui échappe qui lui porte sur les nerfs. C'est dans cette atmosphère lourde, pesante, encombrée de dangers importants que les différents personnages du roman vont essayer de vivre, de régler leurs problèmes.
Roman plus porté par la littérature générale, aux chapitres tournant sur les différents protagonistes des drames qui s'annoncent, se renforcent, sur des regards de désir ou de haine, Le Bal des cendres, s'appuie sur une intrigue qui sait raconter le chaud, le lourd, le poids physique et mental qui s'empare des êtres. Au centre du roman de Gilles Paris, une promenade qui devait être un échappatoire agréable et devient le moment où les "vrais" sentiments et la vérité profonde des êtres explose, en même temps que le volcan (une analogie pas si éloignée que celle que propose Malcom Lowry dans Au-dessous du volcan - par ailleurs joliment adapté par John Huston en 1984). C'est cet aspect de thriller psychologique, cette description aiguisée des humains dans toute leur complexité, dans les façons de vivre, malgré le passé, malgré les silences et les incompréhensions, qui emportent la conviction du lecteur. Pour le reste, il n'y aura pas de véritables meurtres, de gangsters, mais juste des êtres humains normaux, confrontés à leurs propres démons, ce qui en fait un roman un peu à part, mais convaincant pour les amateurs qui apprécient au-delà d'une simple histoire policière.
Citation
Je suis née le jour où ma mère est morte. Papa m'a appelée Giulia, comme elle, pour ne pas oublier. Et pourtant, il ne m'en parle jamais, comme si tout cela n'était qu'un tour de magie, la disparation d'un lapin dans un chapeau, rien d'autre qu'un rideau qui tombe.