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Les Heures se mordent la queue
Grand format
Inédit
Tout public
Qui, de la poule ou de l'œuf ?
Régis Lambert est un homme ordinaire qui habite Paris et a une relation amoureuse avec une fiancée qui vit à Marseille. Il a un petit travail mais, comme beaucoup de gens, aimerait devenir riche. Un jour, il reçoit une visite un peu étrange, celle d'un homme se déclarant plombier qui débarque chez lui avec un siège de toilettes et du papier à la main. Régis est un peu surpris mais l'homme lui explique qu'il ne s'agit pas d'un moyen de soulager ses besoins élémentaires mais de voyager dans le passé. Si l'on s'assied sur les toilettes et que l'on déchire le papier, on se retrouve quelque part en France, mais le jour précédent. Régis Lambert décide d'expérimenter la machine en apprenant au préalable les chiffres gagnants du Loto du jour. Il remontera ainsi un jour en arrière dans le passé et jouera les bons chiffres, ce qui devrait lui permettre de devenir riche. Mais lorsqu'il revient le lendemain, en provenance de Nantes, où il a surpris du monde en arrivant avec des toilettes portables, il a une double surprise. Son double se trouve dans l'appartement en grande conversation avec le même plombier, et lorsqu'il fouille ses poches il ne retrouve plus le ticket gagnant. Il comprend alors qu'un clochard le lui a volé pendant qu'il se reposait en attendant de prendre le train. Il lui faut donc recommencer avec l'étrange machine à remonter le temps pour aller coincer le SDF et récupérer le ticket gagnant. Mais après cette nouvelle péripétie, ils sont à présent trois à devoir se partager le gros lot et ce n'est que le début.
L'idée de Raymond Faymonville est amusante et son traitement sur une grosse centaine de pages permet de la raconter sans ennuyer le lecteur car les rebondissements vont être principalement constitués de ces nouveaux doubles qui apparaissent et qui vont concocter des plans pour récupérer l'argent et surtout pour les récupérer de manière solitaire, en essayant de s'approprier aussi la fiancée, et de fuir pour filer le parfait amour dans un autre endroit. Mais la réalité sera plus compliquée. Et on ne brave pas impunément les paradoxes temporels. L'auteur raconte son histoire avec plaisir et humour et cela se sent. On peut songer (mis à part le côté un peu scatologique de la machine employée) à une sorte de version modernisée d'un texte qu'aurait pu écrire quelqu'un comme Marcel Aymé, quand le fantastique ou la S.-F. sont regardés par le petit bout de la lorgnette, par le quotidien d'un personnage lambda. Il n'en reste pas moins que le récit ne comporte pas d'erreurs sur un sujet où les paradoxes temporels entrainent des complications pour l'auteur. Ici, la construction et la maîtrise de l'ensemble, plus la volonté de faire rire, sont essentiels et fonctionnent correctement pour divertir agréablement le lecteur.
Citation
Oui.... je suis toi... et tu es moi. Je crois comprendre que chaque fois que quelqu'un effectue un saut dans le passé, il cohabite avec son double... et, en ce moment, à Paris, un autre toi-même regarde la télévision dans son appartement... Et il est vraisemblable qu'un quatrième exemplaire au nez brisé se morfonde à Vesoul, parce qu'il n'a pas pu remplir la grille gagnante du Loto.