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Quand le sauveur entre en ville
On imagine facilement Clint Eastwood ou Alain Delon, au temps de leur maturité, utiliser le rôle de Lander pour faire un film rapide et efficace. Un rôle où leur silhouette marmoréenne, leur soif de justice, leur capacité à régler les problèmes par la violence, seraient mises en avant. En effet, Lander est l'une des machines à tuer de l'État français. Mais il a maquillé sa disparition et, sous une fausse identité, a décidé de se retirer de la circulation. Mais pris d'une idée subite, il arrête son trajet pour aider une jeune femme à réparer sa voiture. C'est une veuve qui le convie à dormir chez elle, ou plutôt chez sa mère chez qui elle s'est repliée avec ses deux enfants. C'est alors que Lander en apprend un peu plus : si elle est à la fois veuve et sans grande ressource, c'est aussi parce que son mari, policier, s'est suicidé, perdant ainsi une maigre pension. Mais certains détails dans le traitement de l'histoire font tiquer Lander qui, rapidement, découvre qu'en fait le policier s'est donné la mort pour éviter de participer avec son groupe de policiers à une entreprise criminelle. En effet, les policiers de la BAC96 dirigés par Ciani sont corrompus, se sont instaurés chefs de paix du milieu dans leur territoire et les gangs leur fournissent du cash. Le chef local de la police est coincé par un chantage et laisse faire son officier. Dans la tête de Lander murit alors un plan qui lui permettra à la fois de protéger cette veuve qui se console dans ses bras, de donner un peu d'argent aux enfants et au passage de récupérer un peu de liquide pour lui. Il a un plan, un plan sanglant, mais qui peut marcher s'il a moins peur que ses adversaires.
Du rythme, de la rapidité, un héros sans peur qui est prêt à tout et a toujours un plan C, caché derrière le plan B. Face à lui des méchants à qui tout réussissait, mais qui ne peuvent pas forcément faire face lorsque le justicier arrive en ville. Western moderne, sur fond de corruption généralisée, dans lequel le chevalier moderne qu'est Lander trace sa route. La description est dressée au couteau, sans temps mort, rappelant L'Ombre de la nuit, le précédent roman de Marco Pianelli avec comme une once de mélancolie : doit-il essayer d'arrêter, de se reposer et de trouver le repos auprès d'une famille ou sera-t-il poussé à continuer sa quête vers d'autres aventures chevaleresques ? La Mécanique du pire s'achève sur une pointe d'amertume douce, annonçant peut-être un nouveau volume mais surtout, jouant avec le cliché du héros solitaire, continuant sur la lancée, vers l'horizon.
Citation
Lander était chaudement vêtu. Chaussures de marche, sobres, marron foncé, montantes, semelles étanches et larges. Un pantalon de treillis kaki, épais, poches à boutons sur les cuisses, ceinture en cuir marron autour de la taille. Un T-shirt blanc à manches longues, sous un pull polaire gris, et un anorak gris foncé à capuche. Dans son sac à dos, quelques rechanges au-dessus d'un magot de 200 000 euros. Des billets bien rangés et regroupés en liasse. Souvenirs de son passage en Ardèche, peu de temps auparavant.