Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
380 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-08-026394-0
Coll. "Littérature française"
Le péché de nos entrailles
Dans ce livre hommage à la pièce de théâtre d'Agatha Christie, Danielle Thiéry brosse le portrait de policiers du 36 déboussolés par leur déménagement à la lisière du périphérique, et qui font face à la disparition d'un homme politique, au suicide d'un violeur en série en prison et à l'émergence d'un certain Hadès du fin fond de ses Enfers pendant que rôde le Darknet et autres sévices sectaires. Pourtant, cette quinzième aventure du commissaire Edwige Marion débute par un mariage. Enfin, pas tout à fait puisqu'en préambule le matricule 1278 du Centre pénitentiaire de Caen reçoit la visite d'un homme d'Église qui va être l'instrument de son passage de vie à trépas. Quelques jours après, Valentine Cara et Rose Verne, respectivement capitaine de police et médecin légiste, s'unissent par les liens (pas sacrés) du mariage sous l'œil ennuyé d'Edwige Marion qui ne supporte pas ces cérémonies. Mais (mal)heureusement pour elles, l'apparition de Sabine Cara, mère indésirable de Valentine, vient chambouler les festivités. Aux portes de la mort, cette dernière atteste que Vador, le fameux matricule 1278, ne s'est pas suicidé. C'est le début d'une enquête qui va faire ressurgir quelques (euphémismes) aspects de sa vie familiale que Valentine Cara ne connaissait pas. Mais la capitaine de police est sommée de ne pas s'impliquer dans une enquête qui... l'implique, et se retrouve sur celle de la disparition de l'homme politique. Homme politique aux mœurs litigieuses, qui est dans une mauvaise posture puisque le lecteur, plus omniscient que les forces de l'ordre, et qui dispose d'éléments fournis par Danielle Thiéry, sait qu'il va mourir dans les entrailles de l'Enfer de la main d'Hadès.
La romancière qui écrit là sa quinzième aventure mettant en scène sa commissaire de police (qui au passage débarque en juin sur le petit écran) s'appuie sur une figure de justicier solitaire, qui a vécu dans l'ombre de la magnificence du 36 quai des Orfèvres, du Palais de justice et du fameux souterrain qui les relie. Avec lui, nous plongeons dans le passé d'une institution passée subitement à l'oubli. Surtout, nous retrouvons une équipe qui doit être soudée, qui souffre de problèmes domestiques (essentiellement de drames familiaux), qui a des rapports distendus entre les parents et les enfants, et qui se confronte à ce que la société a de plus noir dans ses entrailles. Au fil de sa série, Danielle Thiéry a fait évoluer son écriture. Toujours aussi incisive, elle s'arrondit, épouse des images et des métaphores au service d'une intrigue aux multiples ramifications (au moins cinq importantes) qui mettent un certain temps à se recouper. Certains des personnages troubles souffrent d'une quête identitaire qui les incite à commettre des actes aux portes de l'irréparable. Et d'autres franchissent le pas. Quant à Edwige Marion, elle est de plus en plus mélancolique. Et Danielle Thiéry peut-être plus sombre. Un roman nostalgique et terrible.
Citation
Elle avait probablement joué un rôle dans le drame familial car il connaissait par cœur son profil psy. Fascinante, perverse, manipulatrice, sybarite et cruelle. Une gorgone qui lançait ses serpents au jugé et qui pétrifiait tous les imbéciles qui, une fois entrés dans son aura, tentaient de s'y soustraire. Il n'avait pas fait abstraction à la règle.