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Inédit
Tout public
Une frontière si fine
Richard Butel est un quinquagénaire, écrivain aux récits sont très noirs. En même temps, peut-être que son addiction à l'héroïne et aux alcools ne l'aident pas forcément à conserver un esprit sain. Un jour, en rentrant chez lui après une séance de dédicaces, et alors qu'il doit rendre un nouveau manuscrit à son éditeur, il découvre la porte grande ouverte de sa maison, une maison isolée au milieu de la montagne. Il en vient en penser que Leslie, son épouse adorée, a été enlevée et est morte. D'ailleurs, il est impossible de retrouver une quelconque trace et, entre deux doses de produits toxiques, voilà Richard partant à la recherche de sa femme dans les forêts entourant son domaine. Il commence à croire que sa femme est non seulement morte, tuée par un clochard-braconnier qui vit dans les bois voisins. Pris de crises de plus en plus violentes, il commence même à voir en une louve qui vient près de lui une réincarnation de sa femme, et une relation étrange se développe entre l'homme et l'animal. Le romancier multiplie alors les pages où il essaie d'analyser cette relation. Pendant ce temps, un promeneur a découvert un cadavre de femme en très mauvais état. Les gendarmes viennent voir l'écrivain dont le comportement erratique les interpelle - aurait-il tué sa femme ? La victime est-elle bien sa compagne ? C'est que pourrait laisser penser le téléphone tombé à proximité et qui est celui de la femme disparue. Mais on retrouve aussi des petites culottes de l'épouse dans la tanière du braconnier...
Le roman de Noël Sisinni joue sur cette atmosphère étrange où l'on hésite régulièrement quand on se confronte à ce que vit le personnage principal : rêve-t-il ? Est-ce dû aux produits qu'il absorbe ? Sa femme s'est-elle réellement réincarnée, car cette louve semble bien domestiquée et proche de l'humain ? Le lecteur en vient même à penser qu'il a peut-être tué sa compagne sans s'en apercevoir. Tout un long travail descriptif sur le rapport entre les hommes et les animaux, la bestialité commune ou les sentiments qui peuvent se ressembler, les différences et les questions laissent penser que plein d'hypothèses sont possibles, que la différence entre l'homme et l'animal ne sont que des notions commodes pour nous amadouer mais qu'elles n'ont pas beaucoup de sens. Raconté avec un soin et une pudeur intelligente, Instants sauvages joue avec ce thème noir de façon intéressante, entre folie douce, violence ou amour-amitié qui transcende les genres et les espèces. Si tout sera résolu, in fine, de manière éminemment logique, Instants sauvages reste un livre noir, à part, attachant et sensible.
Citation
On est fin février début mars, les piafs sont bourrés d'idées de construction et quelque chose les démange très sérieusement sous le croupion. Le calme de la vallée d'Ossau est déchiré par le cri strident d'un crave. Quelques perles de rosée s'accrochent aux brindilles des bouleaux comme du cristal et vibrent à la première brise. Ici, chaque chose est à sa place.