Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Ombeline Marchon
Paris : Points, février 2021
308 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-8780-6
Coll. "Policier", 5314
L'insularité selon Agatha Christie
Ils étaient cinq amis aux relations complexes car, comme souvent, l'un était amoureux de la deuxième qui lui préférait le troisième, et ainsi de suite, formant une belle boucle que l'on pourrait vite qualifier de cercle vicieux. Mais la vie a transformé tout ça avec la mort de l'une des membres du groupe. Ils se sont séparés même si de loin ils restent en contact et le travail, la vie et d'autres amitiés ou amours les ont éloignés. Des années après le drame, ils décident quand même de se retrouver pour un week-end, comme un hommage à leur amie morte. Pour ce faire, ils se retrouvent sur une île "déserte", où seule se dresse une maison pour des vacances. Lorsque soudain l'un des convives tombe d'une falaise. Que s'est-il passé ? Un suicide, un meurtre, un détail dans les conversations qui aurait permis de comprendre qui était le meurtrier du drame survenu des années auparavant ? Quoi qu'il en soit, ce meurtre ou accident a eu lieu durant la permanence de l'inspectrice Hulda, et elle va essayer à la fois de découvrir l'assassin actuel et de dénouer le meurtre qui s'est déroulé des années plus tôt, en reprenant l'enquête bouclée (bâclée ?) par un ancien collègue qu'elle n'apprécie que moyennement et dont elle perçoit les limites.
Ragnar Jónasson s'est lui-même décrit comme un grand lecteur d'Agatha Christie et une intrigue sur une île rappellera des souvenirs aux amateurs de la Vieille Dame. Pour le reste, l'auteur utilise également les codes christiens : retour en arrière, passé expliquant le présent, meurtres résolument simples, mais qui se complexifient par le passé des personnages et les non-dits constants, tranquillité de l'intrigue qui avance en multipliant les discussions, les interrogatoires, la recherche d'indices et les détours autour des fausses pistes possibles. Pour renforcer l'intrigue, Ragnar Jónasson nous offre une sous-intrigue autour de la propre recherche de la policière sur ses origines. En effet l'Islande a été une base américaine lors des combats de la Seconde Guerre mondiale et les soldats pactisèrent avec la population locale laissant des enfants, nombreux et variés, à la recherche de leur père disparu. Hulda fait partie de cette jeunesse en recherche. Cet aspect renforce sa description et sa véracité comme personnage. L'ensemble est très classique, autant dans la forme que dans l'écriture, avec l'enquête menée calmement par la policière alternant avec des passages plus personnels, décrivant avec soin les lieux, les personnages, leurs relations. Tout cela se lit sans déplaisir mais ne laisse pas forcément de marques impérissables dans l'esprit du lecteur.
Citation
Néanmoins, son instinct lui soufflait qu'elle n'avait rien à craindre. Même si elle se rendait chez un criminel, elle n'avait pas peur. Il n'était pas dangereux.