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Aventuriers de l'art perdu
Docteur en ethnologie spécialiste des peuplades sud-américaines, Julien Lescoat assiste un commissaire-priseur pour une vente de pièces pré-colombiennes... Vente annulée à la dernière minute tant que l'origine des objets, qui peuvent provenir de pillages, n'est pas certifiée. Sur le moment, Julien peut dire adieu à ses commissions. Mais une des pièces est plutôt inattendue : le squelette d'une main tenant un revolver ! C'est par ce biais qu'il rencontre le riche mécène et collectionneur Gérard de Larmiel. Celui-ci a remarqué l'apparition sur le marché de pièces inédites du voisinage des Incas, civilisation qui n'est pas réputée pour son art. Il demande donc à Julien Lescoat d'enquêter pour retrouver l'origine de ces artefacts. Mais celui-ci découvre ensuite que par ce biais, le millionnaire espère débusquer le chemin de la mythique El Dorado, la rançon de l'empereur inca Athualpa prisonnier des Espagnols qui, malgré le règlement de la rançon, l'ont exécuté, précipitant la fin de l'empire — trésor qui, pour Julien Lescoat, n'est pas autre chose qu'un mythe, en dépit de tous ceux qui depuis sont partis à sa recherche. Or de Larmiel a mis la main sur un document relatif aux conversations entre un père jésuite et des indigènes qui indiquerait que la "piste du nord" chère à Vaca de Castro et autres aventuriers serait erronée : la rançon serait en fait passée par une "piste du sud", un autre itinéraire. Se basant sur l'indication d'origine sur un des emballages, de Larmiel envoie Julien dans la petite ville de Filadelfia, au Paraguay, avec à la clé le rêve de Julien Lescoat : une chaire d'ethnologie à la Sorbonne. Lescoat accepte de partir pour ce qui lui semble être une simple chasse au dahut, mais au fur et à mesure qu'il accumule les indices dans ce pays entre deux mondes, le doute s'infiltre : et si cet Eldorado, cette rançon d'un empereur, n'était pas qu'un mythe ? Et ce au point que certaines personnes tueraient pour s'en emparer ?
Transchaco est la preuve comme quoi, dans la morne plaine des petits génies autopubliés, on a encore de bonnes surprises (l'ouvrage a été d'abord publié chez Publishroom Factory, mais Alain Keralenn, l'auteur, n'est pas un débutant, avec deux autres livres à son actif). D'où ce roman, qui revisite à sa façon le roman d'aventure sud-américaine si populaire dans les années 1960-70, du fameux Salaire de la peur à certaines œuvres des regrettés Georges-Jean Arnaud et même Frédéric Dard. Même si bien sûr, l'ère n'est heureusement plus au colonialisme débridé. Se basant sur une réalité, la fameuse restitution des œuvres d'art pillées à leur peuple d'origine, l'auteur propose un personnage central plutôt attachant, fort en thèse confronté à la réalité, et des enjeux qui se tiennent, bien aidés par une documentation que l'on imagine solide jusqu'à une conclusion douce-amère réussie. Exotisme garanti une fois que l'on plonge dans ce drôle de monde coincé entre peuplades rattrapées par l'histoire et descendants des coloniaux. Pas de doute, ce roman vaut largement ce que l'on trouve chez de "grands" éditeurs, et aurait eu tout à fait sa place dans feu la collection "Aventures et mystère" du Fleuve Noir. Embarquement immédiat ?
Citation
Cet homme, descendant des Ayoreos, était le survivant d'un monde qui vivait ses derniers instants. À force d'étudier leur histoire, leur langue, leur culture, il avait oublié qu'il s'agissait aussi d'êtres vivants. De l'abstraction studieuse, il passait à la réalité tangible. Elle était là, devant lui, en chair et en os. Il se sentait encore plus désarmé que devant une copie blanche.