Si tu étais là

Circuler l'après-midi parmi les rayons en poussant mon chariot, acheter les objets les plus improbables, la nourriture la plus bizarre, les livres à moins 20 %, des appareils électroniques (que je n'utilise jamais) en promo, ça me donne un sentiment de liberté.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Thriller

Si tu étais là

Écologique - Disparition - Terrorisme MAJ vendredi 22 juillet 2022

Note accordée au livre: 1 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Alafair Burke
If You Were Here - 2013
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Séverine Gupta
Paris : Presses de la Cité, juin 2022
428 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-258-19543-1
Coll. "Sang d'encre"

Le passé en mode copie carbone

Il y a dix ans, McKenna Wright a quitté son poste d'assistante du procureur général après l'affaire d'un policier ayant abattu un jeune noir, Marcus Jones, donnant lieu à des accusations de violences policières. Elle est maintenant journaliste. Aujourd'hui, le jeune Nicky Cervantes n'est pas un mauvais garçon, mais il doit voler dans le métro en attendant le jour où il serait nommé en ligue professionnelle de base-ball, auquel cas il entend bien rendre le résultat de ses larcins à des œuvres de charité. Mais là, celle qu'il prend pour une richarde qui pourra se racheter un téléphone sans problème n'est pas qui il croit... Elle le poursuit, puis alors qu'il tombe devant une rame de métro, le sauve in extremis avant de disparaître avec le précieux smartphone. Devenue virale, la vidéo de la "superwoman du métro" fait assez de bruit pour attirer l'attention de McKenna. Et elle reconnaît la femme sur la vidéo : Susan Hauptmann, son ancienne coloc disparue sans laisser de traces dix ans plus tôt. Mais voilà que quelqu'un fait effacer toutes les bandes montrant cette mystérieuse superwoman... Le seul indice dont dispose McKenna est le logo d'un groupe d'écoterroristes sur le sac de la disparue. Il faut cependant faire vite car quelqu'un d'autre est à la recherche de Susan...

Si la copie est la plus belle forme de flatterie, il y a tout de même une nuance entre s'inspirer d'un auteur... et faire un vulgaire ersatz. Quelqu'un qui reconnait sur une vidéo une personne proche qu'il croit morte ou disparue, ça ne vous rappelle rien ? Eh oui, il s'agit d'une sorte de Harlan Coben-lite qui ne veut pas être autre chose. Ce qui pourrait marcher, Harlan Coben étant plus que sec depuis un certain temps déjà, mais Alafair Burke semble avoir voulu copier le Harlan Coben de la grande époque sans trop savoir comment ça fonctionne. Le tout avec une écriture relâchée (ce n'est pas la traduction qui est en cause, au contraire, elle aurait plutôt amélioré le texte original) et un ton monocorde qui ne convient guère à un suspense. Ce qui est gênant lorsqu'on ne cesse d'être bombardé de personnages nouveaux pas toujours utiles au récit (des pages et des pages sur les états d'âme et la rédemption du voleur à la tire du début alors qu'il n'a guère d'incidence sur l'intrigue). Et, en dépit des obligatoires remerciements finaux à une éditrice, celle-ci ne semble guère avoir travaillé. Passons sur les informations pas forcément utiles répétées encore et encore pour noircir de la page (on a compris que Susan est passée par West Point sans que l'on ait besoin de se le voir rappeler ad nauseam), mais personne n'a signalé qu'appeler son personnage central par deux noms aléatoires — Jordan et Wright — sans véritable raison ne facilitait pas la lecture ? L'intrigue ne cesse de passer d'une circonvolution à une autre, l'héroïne (qui n'a même pas le moindre trait de personnalité) ne cesse de bondir sur des conclusions pas toujours logiques, elle et Susan sont si différentes qu'on se demande comment elles ont pu se connaître, et le fameux principe "montrer plus que raconter" est passé à la trappe, puisqu'on inflige des pages et des pages d'explication sur à peu près tout. Pire encore, en dépit de ces loooongues tirades, bien des points restent inexpliqués : pourquoi Susan a-t-elle disparu ? Qu'a-t-elle fait pendant dix ans ? Des écoterroristes portent-ils leur logo sur leur sac plutôt que de préférer la clandestinité ? (Le lien avec ces écoterroristes n'est en outre jamais vraiment explicité.) Quant aux connexions tentant de relier tous ces faits ensembles (si vous vous doutez qu'il y a un lien avec l'affaire qui poussa Jordan-ou-Wright à démissionner, vous avez gagné le droit de rejouer), elles relèvent tout de même de coïncidences que Ponson du Terrail n'eût point renié. Bref, encore cette manie d'embrouiller inutilement son récit dans l'espoir de noyer le poisson. Alafair Burke devrait rester aux suspenses légaux qui sont sa marque de fabrique plutôt que tenter la copie carbone...

Citation

La plupart des gens n'ont pas vraiment l'intention de mentir. Mais l'histoire qu'ils se racontent à eux-mêmes et qu'ils servent au reste du monde est une version améliorée de la réalité. Ou plutôt, en imaginant que les autres sont pires qu'eux, ils peuvent s'estimer au-dessus de la moyenne.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 22 juillet 2022
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