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Les Rois du Queens
Dans le New York des années 1980, une bande de gamins issus de l'un des quartiers les plus pourris du Queens va s'imposer comme une véritable major du trafic. Ils appliquent les recettes du capitalisme triomphant de l'ère Reagan, dont la guerre à la drogue avait durement frappé la population afro-américaine, au trafic de crack. Avec des réseaux essentiellement locaux, des pigeons voyageurs, une logique d'entrepreneurs, un indéniable sens de la débrouille et une cruauté sans faille, Kenneth "Supreme" McGriff et son gang s'érigent ainsi comme les rois du crack et en inonder les rues du Queens.
Des récits de mafieux mythiques aux destins de desperados tragiques, le polar adore les figures de gangsters bigger than life qui trompent le destin et les autorités pour se tailler la part du lion dans l'économie illégale. Et la Supreme Team qui domina le Queens durant la seconde moitié des années 1980 est assurément de celles-là. Fondée par deux parents, l'oncle Preme et le neveu Prince, et une bande de gamins d'un quartier déshérité, cette entreprise de la drogue est une vraie success story à l'américaine, typique de la démesure des années Reagan et du toujours plus qui régnait alors : toujours plus de fric, plus de flingues, plus de cadavres. Pour recréer cette fresque criminelle, qui au delà du gangstérisme a eu une influence majeure sur le monde de la musique (sorti de prison, Preme allait s'impliquer dans le rap, et contribuer à la carrière de 50cent, Nas ou Run DMC), Karim Madani, romancier journaliste spécialisé dans les cultures urbaines et qui connaît cet univers sur le bout des platines, était tout indiqué. Roman plein de rythme, vibrant de personnages forts et d'actions violentes, Queens Gangsta se lit comme on écoute un bon album : à fond, en se laissant prendre par le flow de la narration. Et si on pourrait lui reprocher une certaine tendance à l'épate, à chercher la phrase (la rime ?) qui tue, quitte à abuser des répétitions, force est de constater qu'il est parvenu à rendre, mieux que beaucoup d'autres, la dureté et la misère d'une ville dévorée par ses propres habitants, à moins que ce ne soit le contraire. Au final, un bon polar urbain, vif et tendu, plein de bruit et de fureur. Bring Da Noize !!!
Citation
L'équipe d'ex-taulards membres de la secte bosse dur. Horaires décalés, flexibilité, compétitivité, division des tâches : l'équipe de trafiquants de drogue la plus fordiste et tayloriste d'Amérique du Nord.