Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
296 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-150486-6
Coll. "Cadre noir"
À coup de bateau
Pour une fois que la commissaire Romano, amatrice de piquette et de malbouffe, se déplace au théâtre, en l'occurrence le Nouveau Théâtre de Lille, le travail la rattrape. En pleine tirade des Suppliantes, la pièce classique d'Eschyle, un élément de décor représentant un bateau s'effondre sur Mathieu Véran, le comédien vedette, le tuant sur le coup. Mais comment un tel accident a-t-il pu se produire alors que toutes les normes de sécurité avaient été respectées ? Romano découvre que, le jour d'avant, des visites du théâtre ont accueilli de nombreux curieux. Rien de plus facile pour l'assassin que de se mêler aux touristes afin de saboter l'élément de décor. Mais qui pouvait bien vouloir tuer le comédien ? Romano apprend que la première représentation prévue avait été annulée : conformément aux règles du théâtre classique, des comédiens étaient grimés en noir, ce qui leur avait valu des accusations de blackface, ce maquillage parodique relevant des clichés racistes. D'où un soutien déplacé de l'extrême-droite, que le comédien avait remis vertement à sa place. Faut-il donc chercher dans ces milieux ou le mobile est-il tout autre ? Mais la commissaire Romano a un autre problème : son chat Ruru s'est pris d'inimitié pour son compagnon du moment. Duquel doit-elle se débarrasser ?
Voilà une série qui aurait été tout à fait à sa place dans la vénérable collection "Masque jaune" tant elle est classique. Ce qui n'est pas un reproche, surtout lorsqu'on voit les rogatons qu'on ose vendre à la branchitude sous prétexte de cosy mystery. L'ennui, c'est que cette plongée dans le monde des grands méchants antiracistes (qu'on fait mine de renvoyer dos à dos avec l'extrême-droite, mais le néo-politiquement correct est préservé, c'est quand même les vilains "ouoques" les plus méchants) donne lieu à d'interminables considérations assez banales, voire aux limites du café du commerce. On échappe de peu au cliché "les antifa ben c'est eux les vrais fascistes" cher à l'extrême-centre pro-fa... Mais il faut dire que sans tout cela, le roman ferait à peine la taille d'un Masque de poche précité, d'autant que sans déflorer (mais on s'en doute) la résolution très classique n'a rien à voir avec tout ça, et à recours à la bonne vieille ficelle de l'assassin se dénonçant par une erreur de débutant. "Tuez vos chéris", dit la phrase classique tant attribuée (elle serait en fait d'Arthur Quiller-Couch, auteur d'un manuel d'écriture de 1916). Sylvie Chabanel aurait dû suivre ce conseil, surtout avec sa véritable faconde digne des meilleurs auteurs populaires (au sens noble du terme, faut-il le préciser)...
Citation
Pour des raisons différentes, l'un et l'autre étaient hostiles au concept de sale gueule. L'idée heurtait la rigueur scientifique de Romano : le lien entre tronche patibulaire et dangerosité n'avait jamais été établi et les criminels aux allures d'adorables papis ne manquaient pas. Quant à Tellier, son humanisme indécrottable se refusait à juger les personnes sur leur physique. Mais là, quand même, ces trois types avaient des sales gueules. Plutôt des sales gueules de racistes 'classiques' que de racistes antiracistes.