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Un bon Indien est un Indien mort
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean Esch
Paris : Rivages, septembre 2022
352 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-5621-8
Coll. "Noir"
Toujours se méfier d'une femelle caribou
Ils étaient quatre jeunes indiens d'une réserve du Montana alors que la neige tombe et qu'ils étaient en pleine soirée de chasse,. S'ils attendaient peu de chose, voilà qu'avait débarqué tout un troupeau de caribous fonçant et se retrouvant coincé par un ravin. Les tirs s'étaient multiplié lors de ce massacre illégal. L'un des chasseurs avait découvert parmi les victimes une jeune femelle dont il avait décide de découper le corps pour en récupérer la peau. En l'écorchant, il s'était rendu compte qu'elle était enceinte. Et en partant, ils avaient été coincé par le garde-chasse qui les avait obligé à jeter dans la nature ce qu'ils avaient tué. Là-dessus, dix années ont passé, et les quatre amis se sont séparés. Mais la date anniversaire de la destruction va être l'occasion de l'arrivée d'une femme qui est peut-être l'instrument de la vengeance animale. C'est tout d'abord, un homme normal qui vit tranquillement avec sa compagne qui va voir, coincé dans les pales de son brasseur d'air, une femme à tête de caribou. Un homme normal certes, facteur de son état, mais un peu perturbé entre la femme qu'il aime et une collègue qui a l'air de lui faire du gringue. Quand son chien est retrouvé mort, comme écrasé par les sabots d'un gros animal, l'homme s'inquiète. Et que dire d'un de ses amis, qui n'est autre que celui qui a dépecé la femelle enceinte ? Doit-il s'inquiéter pour lui ou pour sa fille, espoir du basket amérindien ?
Il est difficile d'en dire trop sur le roman de Stephen Graham Jones car il ne joue pas sur une enquête policière classique où la vengeance des années plus tard révélerait quelque chose du passé, mais il plus sur une version fantastique du thème. S'appuyant sur l'idée que animaux et humains peuvent se transformer et se répondre, que la maternité transcende la mort, Un bon Indien est un Indien mort raconte le quotidien simple des Amérindiens dans leur village, leurs difficultés et leur vie en perte de repère, leur interaction avec le monde des Blancs. Malgré son nom typique, l'auteur et en effet descendant des Indiens Blackfeet, et il décrit un monde qu'il connait, un monde auquel il essaie de redonner un souffle par une intrigue plus contemporaine. Le fantastique sombre n'est pas un conte traditionnel, mais n'est pas non plus une vague adaptation à la Stephen King. C'est l'interpénétration de l'esprit animiste, d'un monde où humains et animaux était plus proches, un monde que détruit aussi l'Indien en tuant plus pour le plaisir que pour se nourrir et qui constitue le point de départ sanglant d'une histoire forte et intelligemment menée, d'une histoire qui débute par une chasse à l'homme où la victime ne saura pas si elle est poursuivie par des Blancs ou par un fantôme de caribou (ou par les deux) !
Citation
Son accent de la réserve est une sorte de chant pur que Lewis n'avait jamais entendu depuis il ne sait pas combien de temps. Par réaction, sa propre voix, lissée à force de ne parler qu'avec des Blancs, s'envole comme s'il n'était jamais parti. Elle sonne étrangement dans sa bouche, ses oreilles, et il se demande s'il n'est pas en train de simuler.