Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
268 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-1113-1
Coll. "Toucan noir"
Quand le contrôle social se met en place
Dans un futur proche (l'action du roman de Stéphane Keller se situe en 2035), des émeutes venues de quartiers sensibles ont amené le pays au bord de la guerre civile. L'ordre a été maintenu et, à présent, les "banlieusards" sont parqués dans leurs cités, fermées et contrôlées sans cesse. Si une tour se révolte ou développe des incivilités, c'est l'ensemble de l'immeuble qui peut être détruit. Le gouvernement a créé une sorte de passeport social avec lequel chacun dispose (ou non) de points qui lui permettent plus ou moins de facilités. Dans ce monde entre contrôle à la chinoise et dictature fascisante, Krikor Sarafian se révèle être un policier violent qui a bien accepté ce nouvel état de fait. Pourtant, dans ce monde qui devient "parfait", des incidents vont venir troubler la quiétude sociale. Des citoyens normaux commencent à commettre des meurtres puis sombrent dans l'apathie avant de décéder. Safarian est chargé de l'enquête avec l'aide d'une jeune stagiaire. Des indices le poussent à enquêter sur une nouvelle drogue : des petites pilules bleues que les assassins ont sans doute prises. Mais plus il avance dans son enquête, plus il s'aperçoit que les preuves qu'il accumule disparaissent, que ses supérieurs n'ont pas envie qu'il mène une enquête trop poussée. Il risque alors de perdre des points sociaux. Pire : il vient d'entamer une relation amoureuse avec la stagiaire, ce qui n'est pas forcément bien vu, surtout qu'il ne le sait pas mais un "complot" féministe est en train de se mettre en place pour liquider les risques de machisme des policiers...
Avec Le Jour des fous, Stéphane Keller propose un roman qui extrapole des situations actuelles pour construire une histoire plausible d'un futur, entre "dictature molle" et contrôle du pouvoir par diverses factions. Au centre, un personnage peu aimable, un policier violent et content de l'être, ne comprend pas que son rôle le dépasse et qu'il a peut-être, se croyant invincible, choisi un mauvais camp. Le récit, construit de manière linéaire, avec un premier chapitre, qui explicite rapidement comment on en est arrivé là, se laisse lire avec facilité, car l'auteur sait raconter et ne ménage pas ses rebondissements. Sans prétendre au chef d'œuvre de l'année, Le Jour des fous, plus axé sur la description de cette société à travers une intrigue policière que l'inverse, est une bonne surprise.
Citation
La caméra devait enregistrer son changement d'état, elle avait été créée pour ça. Le capitaine tenta de réguler sa respiration, il lui fallait ne plus gamberger, accueillir les mots sans qu'ils aient un quelconque effet sur lui. Plus de gamberge, plus aucune réaction.