Le Dernier sycomore

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Roman - Noir

Le Dernier sycomore

Politique - Social - Braquage/Cambriolage MAJ lundi 22 août 2022

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14,9 €

Laurent Rivière
Paris : Le Toucan, novembre 2021
266 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-8100-1080-6
Coll. "Toucan noir"

Locus dramati

Bienvenue à Vauzelle, une cité ouvrière à l'ancienne de quatre cents pavillons, royaume des cheminots de la Compagnie Générale de Construction et d'Entretien de Matériel de Chemin de Fer — future SNCF — ou trône depuis 1935 la statue de l'Aviatrice, soit Evelyn Frost, une américaine qui s'est tuée en France dans un accident, son avion ayant heurté une ligne à haute tension. C'est là que se réfugie Franck Bostik, ex-potentiel champion de sport, ex-flic de Nevers, aujourd'hui plutôt glandeur professionnel. C'est aussi là qu'il retrouve Mathieu alias le Couz', son cousin éloigné durant son séjour dans la maison Poulaga : Mathieu le communiste à l'ancienne et pourtant rentier suite à quelques coups de chance sur des investissements risqués. Mathieu qui est retrouvé pendu... Mais comme le corps avait été roué de coups peu avant sa mort, Franck refuse de croire au suicide. Or la vie de Mathieu s'était compliquée : toujours en contact avec Lew Griffin, un privé de la Nouvelle Orléans chargé de rapatrier le corps de l'Aviatrice — bien que sa famille l'ait reniée en apprenant qu'elle était lesbienne, lui valant d'échouer dans une fosse commune —, il apprend que le Couz', comme il l'appelait, disait avoir retrouvé le cadavre. Ce n'est pas tout : lors de ses voyages à Cuba, Mathieu trafiquait aussi des cigares et du rhum. Mais s'agit-il de mobiles suffisants pour le tuer ? Et quid de la tête de la statue de l'Aviatrice, que conformément à une longue tradition, des petits malins ont encore jugé bon de voler ?

Le Dernier sycomore est le cinquième roman de Laurent Rivière. Mais ce dernier ne se destine pas aux lecteurs de thrillers industriels aux intrigues taillées au cordeau. On est plutôt quelque part entre littérature blanche, à l'écriture soignée, et polar décontracté à la façon d'un épisode de certain regretté Gabriel Lecouvreur alias le Poulpe. Via cette évocation de lieux réels (Evelyn Graham Frost et sa statue existent bel et bien), l'auteur rejoint tous ces poètes des banlieues, les Cavanna ou Jean Diwo, chantres d'une classe ouvrière désormais inexistante — des populistes, dira le chroniqueur germanopratin qui adôre ce tiers-monde si pittoresque du moment qu'il est LOIN. L'intrigue est donc plus basée sur les personnages, ce qui fait que l'on pourra regretter une résolution assez basique et somme toute sans grand rapport avec ce qui a précédé — mais n'est-ce pas souvent le cas dans la réalité ? Aussi, on l'aura compris, la vérité est ailleurs, soit dans cette évocation puissante d'un pan d'histoire et d'un lieu qui finit par devenir un personnage à part entière. Il suffit d'y être sensible...

Citation

L'Aviatrice était posée sur un socle haut d'un mètre cinquante environ, la statue en granit prenait, sous un ciel nuageux, un ton gris-cendre accentué par la pollution due aux automobiles circulant sur la nationale 7, mais en plein soleil, elle se révélait d'une blancheur éblouissante telle une statuette d'albâtre au poli travaillé. Tous ceux qui s'approchaient d'elle avaient envie d'y poser leurs doigts.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 22 août 2022
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