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Crucifier un oligarque
Qui est Vérita ? C'est sous ce pseudonyme qu'une personne sans doute bien informée diffuse sur Internet des informations provoquant des scandales. Ces derniers temps, le buzzeur ou lanceur d'alerte a décidé de s'offrir Karatov, un oligarque russe. C'est tout d'abord en réussissant à récupérer des photos et des films mettant en scène une grande orgie organisée sur le bateau du milliardaire. Comment vont réagir la femme et la fille de ce dernier ? Si, au début, l'épouse fait mine de ne pas se préoccuper de ce scandale, sur les conseils de son avocat elle change d'avis et demande le divorce. En parallèle, nous suivons un homme, expert en art, et une vendeuse dernière descendante d'une riche famille suisse, qui montent tous deux une escroquerie : ils mettent tout en œuvre pour construire une légende, celle d'un tableau, une crucifixion, peinte par Picasso et qu'il aurait laissée à une maîtresse, bonne sœur du côté de Colmar. Ils montent tellement bien leur coup que ce tableau apparait comme une des grandes œuvres du maître et fait l'objet d'une enchère médiatique. Or, juste avant tout ce remue-ménage, ils ont vendu, en antidatant l'achat, le tableau à Karatov. Cela fait donc baisser forcément sa richesse et par ricochet la part qu'il doit reverser à sa femme en cas de divorce. Mais le plan et l'arnaque sont encore plus compliqués et correspondent à une vieille vengeance née dans les débuts du passage au capitalisme dans l'ex-URSS.
Karel Gaultier est banquier à Genève et nul doute qu'il connait le petit monde des riches qu'il décrit avec soin. Servi par un humour pince-sans-rire, il décrit avec soin à la fois la façon de construire un faux tableau, de créer une arnaque financière pour éviter de payer des impôts et une vengeance longue dont il faudra attendre les dernières pages pour saisir l'ensemble. Ouvrage littéraire qui s'appuie sur des descriptions propres au roman noir, sur des morts mystérieuses, sur des arnaques et autres joyeusetés liées aux oligarques, Vérita est un roman proche de la littérature générale, racontant avec humour un monde de riches aux faux semblants, symbolisé sans doute par cette rencontre entre la fille d'un oligarque et un prince arabe, chacun se prenant en photo pour ses propres réseaux sociaux. À méditer !
Citation
Il s'agissait d'un Christ en croix, un portrait serré qui rappelait le célèbre crucifié de Velázquez. Ce qui fit sursauter Katarina, c'est que sur la droite du tableau apparaissait une femme, une très jeune femme. Elle portait ses propres traits, comme une représentation d'elle dans sa jeunesse.