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Inédit
Tout public
Traduit de l'italien par Johan-Frédérik Hel Guedj
Paris : Robert Laffont, octobre 2022
432 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-221-24713-6
Coll. "La Bête noire"
Quand plusieurs passés s'entremêlent
Il y a bientôt trente ans, Teresa était une jeune inspectrice, qui s'était spécialisée dans les tueurs en série, suite à une rencontre avec Robert Ressler. Même si c'était compliqué d'appliquer les méthodes en Italie, par manque de pratique et désintérêt des collègues, elle a commencé à faire son "trou" dans la police. Pourtant, un jour ses compétences ont été utiles pour arrêter un tueur en série. Son arrestation et cette résolution a même permis à Teresa de développer sa propre maturité. Elle a pu quitter son mari, un homme très violent, même si elle a aussi fort à faire avec son supérieur qui est amoureux d'elle mais qu'elle ne désire pas. Sur ce, trente années ont passé. Teresa a monté en grade mais son chef est toujours là, à quelques mois de sa retraite. Autour d'elle, de jeunes inspecteurs et inspectrices qui apprécient son travail mais s'inquiètent car si Teresa a vieilli, elle est surtout atteinte des premiers symptômes d'Alzheimer. D'un jour sur l'autre, elle oublie des choses ce qui, vous l'avouerez, complique un peu le travail d'enquêteur. Peu à peu, elle se prépare à partir mais un événement va la forcer à revenir sur le devant de la scène. Car le premier tueur en série arrêté trente ans plus tôt a réussi à s'évader. Quelques jours plus tard, il s'est rendu à la police. Cependant, s'il a des révélations à faire sur son "séjour en liberté", il ne parlera qu'à Teresa. Il lui avoue qu'un commanditaire l'a aidé à fuir afin qu'il puisse recommencer un meurtre selon ses fantasmes. Mais il ne lui dévoile le reste (entre autre où trouver le corps) que sous forme d'énigme (une énigme qui remonte peut-être aux sectes préchrétiennes) et il a sans doute encore caché bien des choses, ce que l'enquête va révéler peu à peu.
Fille de cendre est un roman paradoxal. C'est à la fois le nouveau volet de la série mettant en scène Teresa et celui qui aurait dû le dernier car la maladie du personnage récurrent d'Ilaria Tuti s'aggrave, mais il se termine sur quelques pistes inexplorées qui devraient "obliger" à encore au moins un épisode. Toujours est-il que ce volet prolonge la série avec la même force. On apprécie le mélange entre le côté privé - la maladie de Teresa et la façon dont elle perturbe ses relations (car ses collègues ont encore besoin d'elle et l'aident alors qu'elle ne le désire pas) -, et de l'autre une enquête où l'inspectrice prend son temps pour peser chaque indice, malgré la mauvaise humeur de son chef. Ici l'intrigue autour de la recherche se divise en plus en deux avec, d'une part l'enquête actuelle autour d'un tueur en série qui pratique la mosaïque agrémentée de fragments d'os de ses victimes et le rappel de l'enquête antérieure. Tous ces fils narratifs se croisent avec élégance pour constituer un roman, qui peut se lire indépendamment de la série, un texte dans lequel Ilaria Tuti n'oublie ni son histoire, ni ses personnages décrits avec soin.
Citation
Elle ne recherchait aucune vengeance personnelle, rien que la justice, une manière plus limpide et plus correcte d'être au monde. Elle voulait dégager la voie pour les autres femmes qui en arriveraient pas, ou pour quiconque, au-delà du sexe sous lequel ils ou elles étaient né(e)s, risquait d'être pris pour cible par le groupe des plus forts.