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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hubert Galle
Paris : Le Seuil, octobre 2009
374 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-096783-9
Coll. "Thriller"
Le charme discret de l'Amérique profonde
Black Falls est une petite ville du Massachusetts. Elle a autrefois été prospère mais ses complexes industriels ont fermé, les rentrées financières se sont taries, et la ville croule lentement. Pinty est l'un des derniers conseillers municipaux qui se bat. Il a même organisé une bourse pour que le meilleur étudiant puisse poursuivre des études et revienne en faire profiter la ville. Le premier gagnant est Donny Maddox qui s'empresse alors de quitter la ville. Et pourtant Pinty croyait en lui. Pinty et le père de Maddox était coéquipiers dans la police locale. Un jour, en tentant d'arrêter un truand, le premier y a laissé une jambe et sa carrière, le second la vie. Depuis, sans enfant, Pinty a reporté son affection sur Donny mais ce dernier est parti...
Les frères Pail se sont emparés de la police locale et font régner leur ordre ! Certains dérapages ont cependant attiré de la police d'État : des revendeurs de drogue qui brûlent dans leur voiture, des accusations de corruption et même un prédateur sexuel, exilé dans Black Falls qui prétend avoir des révélations à faire. La police d'État a une solution : infiltrer un de leurs meilleurs policiers afin qu'il enquête. Coup de chance, ils ont sous la main, un policier un peu abattu par sa dernière intervention en mission secrète et qui, en plus, peut arriver sur Black Falls sans souci : c'est Donny Maddox. Avec l'aide de Pinty, heureux de le revoir, Maddox est intégré dans la police locale et va surveiller son chef. Mais bien sûr les choses s'avèrent plus compliquées que prévu : entre les souvenirs qui affluent, les policiers paranoïaques et un criminel qui rôde, Maddox aura bien des soucis.
Une petite ville de province, le regard neuf d'un revenant/étranger sur les mœurs locales, des petites affaires qui trainent et s'enchevêtrent les unes dans les autres, des sombres affaires de corruption et de testostérone : tout est réuni pour un roman policier classique, mais qui présente une communauté qui se détériore, des personnages ordinaires qui sombrent dans l'apathie ou la violence, un flic infiltré qui n'est que l'ombre de lui-même et n'est pas sûr des valeurs qu'il représente (et parfois même se trompe), le tout au sein d'un décor rural bien décrit. Tout le poids des côtés sombres de la vie, des remords (Maddox est taraudé par l'idée que peut-être Pinty a triché pour qu'il soit le gagnant de la bourse au détriment d'une jeune femme qui l'attirait et a épousé l'employé vidangeur communal), du chef de la police qui truque tellement de choses qu'il n'arrive même plus à voir la vérité même lorsqu'elle est à nu, de l'indic de la police qui est peut-être un délinquant pédophile éclate à la figure du lecteur. Il faut ajouter en plus cette lente description de la décrépitude, symbolisée par la non moins lente mort de Pinty lui-même, pour voir avec cette Lune des morts une Amérique blanche, rurale, gangrénée par la violence et la corruption, aussi noire que les bas-fonds des villes.
On en parle : Alibis n°34
Citation
Il pouvait le sentir, presque le renifler : le malaise, la désespérance débilitante qui se répandait comme une épidémie dans tout Black Falls.