Contenu
Des ombres dans la nuit
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Betsch
Paris : Le Seuil, juin 2022
494 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-148639-1
Coll. "Cadre noir"
Intrigue remisée au garage
Bienvenue chez les Corvin, une petite famille banlieusarde apparemment sans histoires... jusqu'au jour où ses membres découvrent dans leur garage le corps d'un homme mutilé, au visage oblitéré par un coup de fusil, et aux mains tranchées. Un homme qui, au premier abord, est un parfait inconnu. Milo Sturgis fait une fois de plus appel à Alex Delaware pour débrouiller cette affaire. De toute évidence, la victime a été assassinée ailleurs, alors pourquoi avoir déposé le cadavre dans cette maison en particulier ? Les Corvin orientent l'enquête sur Trevor Britt, un voisin, dessinateur de bandes dessinées, donc forcément bizarre et antisocial. Il aurait également eu une liaison avec la fille de dix-sept ans de la famille. Mais Delaware remarque que la famille Corvin n'est pas si parfaite que cela car il ne semble y avoir guère d'affection entre le couple et ses enfants. Lorsqu'un suspect est trouvé assassiné à son tour dans un hôtel miteux, l'enquête prend un nouveau détour...
On l'a dit lors de ses précédents roman récents : l'auteur de l'excellent Double miroir, qui fut l'héritier direct de Ross Macdonald, n'est plus que l'ombre de lui-même, se contentant d'user et abuser de recettes auxquels lui-même ne semble plus trop croire. On a encore une enquête de type marabout d'ficelle dont environ quatre-vingt-dix pourcent de la masse imposante se constitue de dialogues (ce n'est pas le syndrome séries télévisées, ce côté interrogatoire a toujours été présent dans son corpus), de plus extrêmement redondants, ou tout est mis sur le même plan, rendant la lecture monotone (qu'on n'aille pas accuser la traduction, irréprochable). Jonathan Kellerman multiplie les personnages pour atteindre les 460 pages au point que l'on finit par ne plus savoir qui est qui — et on commence très vite à s'en fiche — , le tout entrecoupé des divers décors visités par nos protagonistes qui ne se différencient en rien de ceux des romans précédents. On sent que le (ou les, c'est le cas de le dire) coupable est démasqué lorsque le nombre syndical de pages est atteint, et le pire est encore que, vu l'ampleur du carnage, on ne se fatigue même pas à donner un véritable mobile digne de ce nom. Il est à noter que le roman pourrait s'appeler Les Pâquerettes de Saint-Flour vu que le titre générique n'a guère de rapport avec l'intrigue. Si certains auteurs arrivent à maintenir un grand niveau de qualité alors qu'ils ont largement passé l'âge de la retraite (le regretté Georges-Jean Arnaud ou Stephen King, entre autres), ce n'est pas donné à tout le monde. Mais il faut croire que ça se vend suffisamment pour continuer...
Citation
Plus que d'un meurtre, il s'agissait d'un effaçage, d'un assassinat ayant évolué en boucherie pour se conclure par une mise en scène d'une froideur clinique sur le décor le plus fade qui soit, une demeure de banlieue.