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Les Enfants de la discorde
Grand format
Inédit
Tout public
La Révolution peut se noyer dans l'eau ou le sang
Simon Delmotte est un jeune républicain convaincu qui, après une enfance auprès de son père, horloger à Nantes, s'est engagé dans les armées révolutionnaires. Après la victoire sur les Vendéens, il revient dans sa ville natale pour découvrir que son père est mort, tué par les forces révolutionnaires de la ville et que sa mère est en prison, avec d'autres notables, dans l'attente d'un jugement. Fou de douleur, mais homme courageux et surtout tireur expert, Simon Delmotte se rend chez Carrier, le maître de la région, responsable des exactions. Alors qu'il se prépare à l'abattre, il est arrêté dans son geste par Charlotte, une jeune femme qui se révèle être une courtisane dont se sert Carrier. Cette dernière l'entraine vers le juge Phelippes, un magistrat intègre nantais et qui entend que la révolution arrive mais qu'elle soit appliquée de manière sérieuse, sans les exactions de certains groupes de sans-culottes et de l'infâme Carrier. Celui-ci dirige et terrorise la ville en s'appuyant sur une bande organisée dirigée par Lamberty, une bande qui pille et viole sous prétexte de maintenir la discipline révolutionnaire. Mais Phelippes a un plan. Il lui faut obtenir des preuves des mauvaises actions de Lamberty et de son chef. Pour ce faire, il a besoin que Delmotte intègre leur groupe, les surveille et rapporte des faits au juge par l'intermédiaire de Charlotte. Même si cela lui déplait, Delmotte accepter et le voilà obligé de participer aux horreurs commises par le groupe. Face à cette bande, un autre groupe de sans-culottes essaie aussi de "prendre" le pouvoir dans la ville. Quand Carrier découvre que Delmotte a été horloger, il décide de l'utiliser pour découvrir le moyen d'ouvrir un coffre qui, pense-t-il, contient beaucoup d'argent. Delmotte découvre alors des informations qui lui laissent penser à une trahison hypothétique de Charlotte, et soupçonne Carrier de vouloir noyer les prisonniers. Mais les choses vont encore se détériorer davantage.
Jonathan Werber a écrit un roman sans doute plus historique que policier, au sens strict du terme. Les Enfants de la discorde parle d'un événement précis, les noyades de Nantes et par-delà évoque à la fois les guerres de Vendée et le dévoiement possible par certains révolutionnaires de l'idéal républicain pour exercer du pouvoir. Le personnage est emblématique, et ses options et son développement sont clairement montrés et présentent bien les enjeux individuels de la période : que dois-je faire ? Comment me comporter dans une période où les pulsions de chacun peuvent déraper sans problème. Pour les lecteurs qui n'ont qu'une vision rapide de l'Histoire, le roman est une bonne introduction, de l'intérieur, à la Révolution, ses luttes de pouvoir et les possibilités pour certains de toujours passer entre les gouttes. Des scènes, hautes en couleur et en violence relancent régulièrement l'intérêt. Si la découverte de la clé pour ouvrir le coffre est sans doute un peu téléphonée, le reste est mené avec entrain et un sens du rythme bienvenu. Les Enfants de la discorde est un livre intelligent et bien construit.
Citation
La maison de Carrier était déserte. Simon crocheta la porte grâce au fil de fer, traversa le salon décoré de tableaux révolutionnaires, la cuisine où trainaient quelques plumes, puis atteignit le bureau, où le coffre défoncé et ses secrets l'attendaient toujours.