Le Tableau du peintre juif

Les goûts extravagants de Ma'abadaulat - la construction du Taj Mahal à Arga, du fort à Dilli, les bijoux, les tapis de soie, les chevaux de race et les éléphants - n'avaient fait qu'appauvrir une trésorerie déjà écrasée sous le fardeau d'un système économique en échec. L'empereur, après une vie d'excès passée entre les bras des femmes et les vapeurs d'opium, se mourrait.
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Roman - Noir

Le Tableau du peintre juif

Social - Guerre - Artistique MAJ mardi 01 novembre 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Benoit Séverac
Paris : La Manufacture de livres, septembre 2022
300 p. ; illustrations en couleur ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-885-2

Quand le passé refait surface

À part ses deux filles, Stéphane pense avoir tout raté dans sa vie. Après avoir été restaurateur, il a monté une entreprise de transports routiers. Mais tout s'est écroulé avec le mouvement des Gilets jaunes qui ont multiplié les retards et brûlé un camion, non assuré contre ce type de risques. Alors qu'il traîne sa misère à Pôle emploi, sa femme fait bouillir la marmite, mais leurs deux cœurs s'éloignent. C'est alors que le destin pourrait basculer car son oncle et sa tante le contactent. Vieux, ils vont partir en maison de retraite et veulent se séparer de la plupart de leurs biens. Et ils ont un tableau, héritage du grand-père, qui lui aurait été donné par Eli Trudel, un peintre juif, en janvier 1943, pour le remercier de l'avoir caché, le temps pour lui de passer en Espagne. Ce peintre a une certaine cote et l'expert déclare que, aux enchères, le tableau pourrait monter aux alentours de cent mille euros. Alors que l'épouse propose de vendre le tableau - ce qui permettrait de prendre un nouveau départ -, Stéphane y voit l'occasion de rendre hommage à ses grands-parents en leur décernant à titre posthume le titre de "juste". C'est ainsi qu'il prend contact avec les autorités israéliennes qui l'invitent à Jérusalem. Mais c'est un "piège" car, pour eux, Eli Trudel a été arrêté fin 1942 et est mort, avec son épouse, en déportation. Au mieux, le tableau a été récupéré de bonne foi mais reste un bien spolié. Au pire, c'est en dénonçant le couple que le grand-père aurait récupéré le tableau. Mais Stéphane parvient à revenir en France, sans le tableau, et décidé à tout faire pour nettoyer la mémoire et l'honneur de ses grands-parents (et peut-être retrouver l'amour de sa femme).

Dans cette thématique qui revient dans le monde du polar depuis quelques années autour des biens volés aux juifs ou aux musées européens par les nazis ou les collaborateurs, Le Tableau du peintre juif est une bonne surprise. En ne s'appuyant pas sur les marchands d'art, mais sur le "simple" récit d'un petit-fils, un raté sympathique qui est en délicatesse avec le monde capitaliste et sa famille, Benoît Séverac oriente son roman vers une intrigue plus "légère", à taille humaine : il ne s'agit pas d'un tableau de Gustav Klimt ou d'Egon Schiele, mais d'un tableau secondaire de l'histoire de l'art, et surtout le roman ne met pas en scène des affreux néo-nazis qui essaient de masquer leurs crimes et ceux de leurs ancêtres, mais des petites gens qui sont au cœur de l'Histoire. Et, surtout, solution de l'énigme, bien amenée, renverse de manière intelligente le cours des faits. En s'appuyant sur le quotidien, à la fois de la Seconde Guerre mondiale et de son personnage, autant en France que lors de son séjour israélien, Le Tableau du peintre juif acquiert une couleur intéressante et qui rend son propos lisible et très sympathique.

Citation

Il me faut un moment pour comprendre que je suis dans les bureaux de la police judiciaire de Jérusalem. Ils prétendent que le tableau est volé. Ils m'ont tout pris : mon passeport, mon téléphone... et mon tableau.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 01 novembre 2022
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