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Inédit
Tout public
Postface de Jirô Kitagami
Traduit du japonais par Jacques Lalloz
Paris : Atelier Akatombo, mars 2021
472 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-37927-100-7
Coll. "Policier"
L'enfer n’est qu'un réservoir pour chiens
Shogo Kanetaka est un yakuza. Proche des chefs de son gang, le Kozu, il vient d'être chargé d'une mission difficile : un chef de clan qui s'est opposé à ses propres chefs a été obligé de fuir sur une autre île de l'archipel japonais ; il faut éviter qu'il puisse reformer quelques troupes et troubler la mainmise du Kozu. Avec Murooka, un tueur sans état d'âme, ils sont sur la piste du chef, le retrouvent avec ses gardes du corps. Ils vont alors réussir à éliminer dans une surenchère de violence les hommes de main puis leur patron, filmant les scènes gore afin de prouver à leurs supérieurs que leur travail a bel et bien été fait. Mais en retournant à l'hôtel, Shogo préfère se reposer plutôt que d'aller manger au restaurant. Dans sa chambre d'hôtel, il se met à vomir. Pourquoi ? Parce qu'il a de plus en plus de mal à supporter ces meurtres. En effet, il n'est pas vraiment un yakuza mais un policier infiltré chargé de s'introduire dans le clan et de le dynamiter de l'intérieur, afin de faire chuter Toake, le grand patron. Il agit sur ordres de Anai, un commissaire de l'antigang, qui a voué sa vie à cette quête. Peu à peu, Shogo va cependant découvrir des choses étranges. Il comprend que Toake a lui aussi été un policier infiltré avant de se retourner et d'en devenir un chef incontesté du Kozu. C'est aussi pour cela que les policiers veulent sa peau car il est la preuve que la police a commis une erreur. Tandis que les guerres entre clans s'exacerbent, Shogo se demande de plus en plus s'il ne va pas êtres démasqué. Et les choses risquent de ne pas s'arranger lorsque Toake décide d'en finir avec Anai, d'enlever son ex-femme et sa fille, et de l'obliger à venir mourir en échange de leur survie. Si Shogo est chargé de le torturer pour lui faire avouer des informations, que devra-t-il faire ? Tuer son propre chef pour éviter d'être démasqué ? Et quand il est chargé d'organiser l'enlèvement des deux femmes, il ne sait que faire.
Romancier plus connu, semble-t-il au Japon, Akio Fukamachi avoue avoir été influencé par James Ellroy avant de s'en détacher un peu. En tout cas, c'est plus par l'analyse des personnages, par les dilemmes moraux ou au contraire leurs folies qui les mènent jusqu'au bout de leurs idées (le chef de la police est prêt à se faire torturer et tuer pour in fine donner de fausses informations aux gangs afin de les diviser encore plus), que par une stylistique particulière. Raconté à la première personne par Shogo, le roman est un mélange réussi entre des scènes descriptives qui vont jusqu'au malaise et des moments de réflexion sur les problèmes stratégiques et les retournements de situation : "Je suis infiltré mais si des policiers sont au courant et qu'il existe des yakuzas infiltrés dans la police ou corrompus, que dois-je faire ?" S'appuyant également sur des éléments de la culture japonaise (les tatouages, le code d'honneur particulier des yakuzas, etc.) Les Chiens de l'enfer est un roman noir qui sait se teinter de rouge sang pour offrir un récit proche des films de Quentin Tarantino, fonçant vers sa conclusion en additionnant les scènes qui peuvent marquer les esprits.
Citation
Misant sur la masse de son outil métallique, il frappa Fujiwara au bras et au crane. De nouveau, ce bruit sourd de chairs écrasés et cette sensation du coup ayant atteint un os. Le regard de l'autre chavira, son bras gauche retomba sans force. Le gorille était sonné.