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S'ils n'étaient pas si fous
Grand format
Inédit
Tout public
282 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-2393-6
Coll. "Noir"
Schizophrénie de la vie
Une dame de soixante ans vit sans histoire dans son immeuble, dans une banlieue parisienne habituellement calme. Parfois, elle reçoit la visite de sa fille, schizophrène, qui vit de petits riens dans un autre immeuble. Une vie simple et discrète. Aussi, la police tombe des nues lorsqu'une nuit un voisin les appelle car il a entendu un coup de feu et a surtout découvert la porte de l'appartement de sa voisine ouverte. Cette dernière est morte et l'assassin a disparu. Les policiers appelés sur les lieux commencent à chercher des indices. Lorsqu'ils se rendent chez la fille, celle-ci s'accuse du crime. Mais en raison de sa maladie, est-elle vraiment coupable ? A-t-elle compris la différence entre vouloir tuer sa mère et la tuer réellement ? Les choses se compliquent lorsqu'un lien est fait avec un trafiquant de drogue local. En essayant de l'arrêter, les policiers sont obligés de faire feu et la police des polices s'en mêle. La fonctionnaire chargée des investigations scientifiques est également celle qui a visité l'appartement de la morte, et les policiers ont confiance en elle pour "prouver" la légitime défense. Tout se complique encore lorsque des informations laissent penser que la femme décédée payait parfois avec des pièces en or anciennes, que son mari aurait trouvé sur un chantier des années plus tôt.
Dans ses deux romans précédents, Claire Raphaël revenait, par le biais de la fiction, sur son propre travail d'ingénieure de la police scientifique. Ici, si une ingénieure continue à faire partie de l'enquête et présente son métier, à travers quelques scènes d'expertise, avec des notions importantes comme le développement de la neutralité dont elle doit faire preuve pour éviter d'incriminer ou de dédouaner l'un ou l'autre des protagonistes (vu dans ce texte à travers la délicate écriture de son rapport sur la façon dont aurait pu se dérouler une "bavure"), nous allons suivre une enquête classique de police, avec ses preuves, ses indices, ses interrogatoires et ses doutes. Les policiers ont parfois des options différentes (notamment à travers le filtre de ceux qui ont connu le problème de la schizophrénique face à d'autres qui aimeraient bien que le simple aveu de la fille suffise à l'arrêter et à passer à autre chose) et doivent jongler avec leur vie privée, même si cette dernière a le mérite de ne pas envahir l'intrigue. Description précise et vivante, à l'aide d'une affaire complexe mais avec des personnages ordinaires - des petites gens qui habituellement passent à travers l'histoire, surtout quand on parle de banlieue -, S'ils n'étaient pas si fous met aussi l'accent sur les ravages de la schizophrénie et sur les médecins ou institutions qui se battent pour aider ceux qui y succombent. Ainsi, Claire Raphael continue une œuvre à taille humaine et humaniste, et les personnes qui parcourent les pages de son intrigue sont restituées dans leur complexité, dans leur vie qui dérape ou reste sur un fil tendu. Un livre bien construit et attachant, qui mérite à la fois qu'on y plonge et qu'on le conserve dans sa bibliothèque.
Citation
Un coup de feu a claqué, dans l'ombre de la nuit, et ce n'est pas un avertissement. Un corps est tombé, le coup sec de l'arme, l'écho bref, menace fulgurante, puis ce choc lourd.