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Grand format
Inédit
Tout public
340 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 979-10-375-0598-9
Coll. "Equinox"
Retour à la terre
Paul Brunel est un policier qui vient d'effectuer une mission dangereuse et qui sévèrement a été blessé. Censé se reposer, il se réfugie dans les monts du Vercors, sa région familiale, où il espère également se ressourcer. Il va surtout retrouver Hervé, son ami d'enfance, et Elsa, sa compagne, qui a aussi été une camarade d'enfance et dont il a peut-être été lui aussi amoureux. Mais lorsqu'il arrive, il observe que son ami Hervé a l'air bien embêté. Et ce n'est pas tout car Michel, un autre paysan du coin, est lui aussi bien sombre. Brunel va découvrir que le monde paysan de son enfance est en train de mourir, que les charges et les dettes accélèrent leur disparition et que certains résistent peut-être en s'appuyant sur des cultures ou des méthodes illégales. Si Michel est sombre, c'est aussi parce qu'il a des soucis familiaux : lui ne pouvant avoir d'enfants, sa femme a couché avec un interne afin d'être enceinte. Mais ce dernier s'est aperçu du "piège" et veut récupérer des droits sur le nouveau-né. Michel aimerait s'en débarrasser et il est prêt à faire appel à une bande armée qui contrôle la région et y fait pousser du cannabis avec l'entremise des agriculteurs endettés. Il suffirait d'un rien pour mettre le feu aux poudres et faire exploser l'équilibre fragile où vient d'apparaître le policier. Quand on découvre un autre fermier torturé à mort, martyrisé et le corps laissé sur des barbelés, tout peut alors basculer.
Loin des rêveries nostalgiques des romantiques sur le retour à la terre et ses joies ou des évocations tout aussi romantique des zadistes et des amateurs de nouvelles ruralités, Alain Choquart montre ici une terre âpre où les banlieues ont gangrené les espaces, où chacun essaie de s'en sortir comme il peut, où le monde rural subit lui aussi la crise, la dette, le poids des intolérances et du capitalisme. Le personnage du policier, en revenant dans un espace de son enfance, où même si sa vie a été rude, croit renouer aussi avec un peu de la beauté du monde qu'il a perdu dans les villes et les trafiquants d'êtres humains. Servi par une écriture qui sait relier la poésie, la beauté des choses et des relations, et la noirceur du monde, à travers des personnages qui sont tout sauf des caricatures, qui restent des humains même lorsqu'ils cachent des cadavres dans les tas de purin, le roman d'Alain Choquart est une évocation sensible de gens confrontés à la bêtise, à la noirceur et qui essaient de vivre dans un monde de plus en plus hostile. Et c'est bien là que le récit est fort et prenant.
Citation
Il se laissa glisser le long du tertre et traversa un buisson de fougères. Il brisa entre ses doigts une petite branche au feuillage vert vif qu'il plaça dans la gueule de la bête abattue, en dernier hommage à la vie prélevée.