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La mystérieuse affaire du style
Aux Mares-Noires, cette longue plaine alluviale au cœur du Québec scindée en deux par une autoroute, il ne se passe jamais rien... Mais on y trouve aussi une centrale nucléaire installée non loin d'un village. Souvent vue comme une bombe à retardement par les riverains pendant et après la grande peur de l'atome des années 1960, elle a fini par faire partie du paysage. Sauf le jour où des détonations y retentissent, suivies d'un début d'incendie. Pour Catherine Bonaventure, c'est la catastrophe : sept hommes restent prisonniers de la zone en flammes, dont David, son mari. Treize ans plus tard, celle qui n'était qu'un bébé lors de l'accident est devenue une ado rebelle qui cohabite mal avec sa mère, laquelle n'est pas arrivée à refaire sa vie. Mais David est-il bien mort ?
Il est toujours risqué de donner une fausse étiquette à un livre ou à tout autre "produit". Car ce roman d'un auteur québécois (ce qui manque sérieusement dans le PÉF à part bien sûr Patrick Senécal, dont on sait tout le bien que nous pensons) n'est pas un polar et n'est pas plus un roman noir, même selon les définitions les plus lâches que l'on peut lui donner. Ce qui ne veut pas dire qu'il est mauvais, loin de là : lent, contemplatif comme peuvent l'être certaines intrigues de Pierre Pelot, on peut reprocher qu'il ne s'y passe pas grand-chose, mais il est net que l'auteur, Jonathan Gaudet, s'intéresse moins à l'intrigue qu'à l'écriture. Avec ces lentes approches qui évoquent des mouvements de caméras, on pourrait aussi lui reprocher de tomber dans le syndrome du scénario prémâché s'il n'y avait justement ce style qui rend parfaitement les ambiances lourdes de cette nature pesante (encore un point en commun avec Pierre Pelot) et du destin des hommes, s'arrêtant parfois juste avant de tomber dans le surécrit. On se demande ce qui a poussé les éditions Belfond à le mettre dans leur collection noire (qui édite Harlan Coben et quelques autres fleurons du thriller industriel) alors qu'il s'agit indéniablement de littérature blanche. De la bonne blanche, à lire donc, mais en connaissance de cause...
Citation
Un hurlement éclate dans la noirceur de l'abîme où elle s'engouffre. Sa folie la tient sous sa nageoire, près de son cœur palpitant et moite. Le cri de la femme se répercute en un douloureux écho qui lui rappelle la disparition des êtres chers qui quittent votre vie comme des fantômes.