L'Affaire du Zodiac

Je savais ce qui m'attendait. Je savais que les cinq frères et sœurs hausseraient le ton et que j'assisterais, impuissante, à leurs querelles. Mais jamais je n'aurais imaginé être témoin d'une telle tragédie.
Chrystel Duchamp - Le Sang des Belasko
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Essai - Policier

L'Affaire du Zodiac

Tueur en série - Procédure - Faits divers MAJ jeudi 05 janvier 2023

Note accordée au livre: 1 sur 5

Grand format
Inédit

Public averti

Prix: 19 €

Fayçal Ziraoui
Paris : Robert Laffont, avril 2022
296 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-221-26024-1

Serial Blablateur

En 1968 et 1969, un tueur en série, baptisé le Zodiac Killer à cause des symboles astrologiques dont il parsemait des messages cryptiques envoyés à la presse, terrorise les alentours de San Francisco. Jamais identifié, ce tueur mystérieux a inspiré quantité de romans et de films (du Dirty Harry de Don Siegel au Zodiac de David Fincher) et demeure l'un des cold cases qui aura fait couler le plus d'encre, sur lequel quantité de cryptographes s'acharnent depuis cinquante ans. C'est dans ce contexte que Fayçal Ziraoui, que sa biographie présente comme "touche-à-tout brillant et serial entrepreneur", désœuvré pendant la période des fêtes décide, au lieu de digérer son réveillon, de s'attaquer à l'affaire qu'il vient de découvrir à travers un article de presse, confiant s'être endormi trois fois devant le film de Fincher. Et là, miracle, en à peine trois semaines, voilà que ce novice de la cryptographie, en parfait dilettante, parvient à craquer des codes qui échappent depuis un demi-siècle à la crème des enquêteurs et aux plus grandes agences gouvernementales... C'est du moins ce qu'essaie de nous faire croire Ziraoui, en bon mythomane persuadé de la réalité de ses fantasmes. Il en résulte un essai "pute à clics", qui promet beaucoup pour offrir si peu, annonce des révélations tonitruantes qui font pschitt. Involontairement drôle, lorsque l'auteur s'imagine en héros de film noir, L'Affaire du Zodiac nous révèle absolument tout... sur son chien (Tequila), ses plaques à induction (qui sont tout de même moins pratiques que le gaz), son port du short en hiver le temps de payer un livreur de pizza, son enfance au Maroc, sa tasse de la NASA achetée à Houston... autant de moments "éclairants" qui viennent s'insérer entre des reconstitutions romancées de l'affaire dans la veine des true crime les plus racoleurs. À un tel niveau de médiocrité, tant stylistique que narrative, on se pince, espérant que, au moins, la Grande Révélation va tenir la route et que, au terme d'un suspense haletant (l'auteur parviendra t-il à trouver le livre qui lui manque chez Gibert avant le couvre-feu de 18 heures ?), on va en avoir pour notre argent. Eh bien même pas. Et après nous avoir expliqué comment, avec son neveu, pendant que sa sœur mettait le couvert, il a pondu en dix minutes sur un PC de gamer (aux touches rouges) un logiciel de décryptage qui lui sort, alléluia, le nom du tueur... et peu importe qu'il y ait une faute dans le nom, que ça ne corresponde que vaguement à l'un des quinze suspects déjà abordés par les "vrais" chercheurs, et que tout le monde dénigre sa fabuleuse découverte, cela n'empêche pas Fayçal Ziraoui de nous inventer une saynète où son suspect providentiel se dispute avec sa mère obsédée d'horoscopes au téléphone, ceci justifiant bien entendu tout le reste. "Bon sang mais c'est bien sûr !", comme disait l'autre. Notons tout de même que, en parallèle, l'identité réelle du tueur a probablement été trouvée par une quarantaine de chercheurs sérieux (surprise, ce n'est pas le même), ce que l'auteur omet de signaler jusque dans la postface et que, après son coup médiatique, il s'est empressé de disparaître des forums consacrés au Zodiac Killer, incapable de répondre à la déferlante de critiques. Au terme des trois cents pages de ce cold case, une énigme demeure pourtant : comment un éditeur sérieux a t-il pu accorder suffisamment de crédit à une telle entreprise, mythomane et mégalo, pour juger nécessaire de la publier ?

Citation

Cela fait trois semaines que je m'intéresse à l'affaire, et je pense désormais avoir découvert l'identité du Zodiac. Mon intuition est intacte, et mon intimité avec le mode de pensée du tueur encore vivace.

Rédacteur: Jean-François Micard mardi 03 janvier 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page