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Run, Rose, Run
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sebastian Danchin
Paris : Archipel, janvier 2023
400 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-8098-4520-4
Coll. "Suspense"
Country blues
La star montante de la country AnneLee Keyes se jette du balcon d'un hôtel de Las Vegas. Qu'est-ce qui a bien pu la pousser à une telle extrémité ? Onze mois plus tôt, fuyant un mystérieux passé, elle faisait partie de toutes celles qui se rendaient à Nashville dans l'espoir de percer comme chanteuse. Elle trouvait alors un engagement dans un bar miteux où elle avait rencontré Ethan Blake, un musicien professionnel. C'est par son entremise qu'était venu la voir jouer Ruthana Ryder, considérée comme la Reine de la country, bien qu'elle ait déjà pris sa retraite. Conquise, celle-ci l'avait invité dans son immense villa plutôt que de dormir dans un parc... Sauf qu'AnneLee, trop indépendante, était reparti après une seule nuit. Ruthana lui avait néanmoins proposé d'enregistrer quelques titres dans son studio. Après avoir été agressée dans sa chambre d'hôtel, AnneLee n'avait pu qu'accepter. Mais lorsqu'elle avait été à nouveau attaquée et sauvée par Ethan, chargé par Ruthana de veiller sur la jeune fille, il était devenu évident que le passé ne pouvait la laisser en paix...
Décidément, James Patterson, largement septuagénaire, est voué aux collaborations les plus improbables. On avait mauvais souvenir de celle, bien inutile, avec Bill Clinton, mais là, une question se pose : comment un roman aussi truffé de clichés peut-il être aussi distrayant ? C'est une énième histoire de Cendrillon qui, si elle ne devient pas superstar en deux temps, trois mouvements, bénéficie de coups de chance dignes de Ponson du Terrail : l'ex-gloire la prenant sous son aile, l'impresario à qui, le hasard fait bien les choses, il rappelle sa fille, le personnage "rebelle" faisant tout pour se faire jeter, notamment lors de ses premières séances photo – et dont il est tout de même dit qu'elle se tire de sa chute de plusieurs étages avec des égratignures (!), etc. Héroïne qui passe d'oie blanche à dure-à-cuire revenue de tout parfois au sein du même chapitre. Seuls quelques détails montrent l'apport de Dolly Parton (en dehors du nom et de l'album-compagnon du même titre que le roman) : on inclut quelques petites touches sur le travail d'écriture de chansons — montrant que contrairement à la croyance populaire, c'est du travail —, la première partie en fait payée par la maison de disque (comme c'est souvent le cas dans la réalité)... Quant au style... Au test de l'aveugle, même un lecteur aguerri aurait du mal à reconnaître l'auteur : pas de chapitres courts saccadés, un peu plus de vocabulaire, si on ne peut parler de progrès après toutes ces années, il s'agit d'un changement de braquet conséquent (ou de "nègre" littéraire ?). On achète un roman de James Patterson ni pour son originalité, ni pour réfléchir, mais là, la fluidité de la narration étonne et fait qu'en dépit de ses clichés, le roman remplit son œuvre : faire passer un voyage en train et s'oublier sans vergogne sur le siège... Mais cette fois avec un petit quelque chose en plus. Comme Michael Bay au cinéma, auquel on l'a souvent comparé, et qui est capable d'étonner (Pain and gain), on en vient à se poser la question : James Patterson est-il un auteur "médiocre", comme l'a autrefois qualifié Stephen King, ou sert-il au public la soupe qu'il demande ? La question se pose !
Citation
Profitant de sa marche de douze kilomètres pour regagner la ville, elle avait composé une nouvelle chanson qu'elle était impatiente de tester face à un public. À condition de dénicher une scène.