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Les Cornes du diable
Grand format
Inédit
Tout public
Brûle, sorcière, brûle
Michel est un jeune médecin parisien qui incarne l'esprit nouveau et fait de science en cette année 1663, et non plus de religiosité. Aussi, c'est en toute conscience que son maître l'envoie pour enquêter sur un cas de possession dans un quartier de Paris. Mais à peine arrivé, il ne découvre qu'une maison ravagée par les flammes et des cadavres. Quelques mètres plus loin, il rencontre un jeune homme qu'il prend en charge avant de s'apercevoir non seulement que c'est une jeune femme mais qu'il s'agit de la seule survivante de cette famille brûlée pour entreprise démoniaque. Il l'installe chez lui et la fait passer pour sa cousine afin d'éviter les commérages. Alors Michel va être envoyé, parfois en compagnie de sa nouvelle cousine qui veut lui être utile pour faire parleur des femmes et des bonnes sœurs, sur d'autres cas de possessions démoniaques. En parallèle la jeune femme se fait engager comme couturière puis dame de compagnie d'une femme de la haute noblesse. Donc, tout en surveillant les affaires de sorcellerie - dont la royauté essaie de se débarrasser surtout parce que cela renforce la puissance de l'Église -, le médecin et sa nouvelle amie vont tenter de comprendre ce qui s'est passé pour que la sœur de cette dernière soit accusée de sorcellerie et que la foule mette le feu à la maison.
Si le lecteur cherche des aventures rythmées et palpitantes, une histoire policière aux relents mystérieux, il risque d'être un peu déçu. Le roman d'Éric Marsaudon est avant tout, et c'est à son honneur, le fruit du travail d'un médecin qui a déjà publié des essais liés à son métier et pétris également d'histoire. Les Cornes du diable fait référence à l'ergot de seigle, une maladie de la céréale qui provoqua des crises sur les humains et laissa penser qu'il s'agissait de possessions démoniaques. L'auteur développe à la fois l'état de la médecine à cette époque, ses doutes, ses certitudes et les luttes entre les tenants d'une science plus traditionnelle, appuyée sur les grands auteurs grecs et latins, et de nouvelles façons de faire, plus empiriques, basées sur l'expérimentation et l'autopsie. Mais il offre aussi une description historique intelligente de la période à travers les déplacements des personnages, les patients nobles et pauvres qui cherchent une solution chez le médecin. Enfin, le rôle de la sœur permet de développer les premiers états du "féminisme" à travers les femmes de la noblesse et de la littérature, des salons qui éclairent le siècle. L'ensemble donne un roman solide, plus historique que policier (même si le roman offrira une solution très bien amenée et qui relie tous les fils de l'histoire : place des femmes, rôle de l'observation pour comprendre, lien avec les médicaments et les potions...). Une très bonne surprise, très didactique, pour les esprits curieux.
Citation
Louise ouvrit des yeux hagards, perdue. Dans l'ombre de sa large capuche, le visage du religieux semblait menaçant et lorsqu'il sortit de sa poche une petite fiole d'eau bénite, elle prit peur et hurla.