Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit du danois par Terje Sinding
Arles : Babel, avril 2022
380 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-330-16348-8
Coll. "Noir", 272
Meurtres cuisants pour pays froid
Les amateurs de meurtres anciens, voire préhistoriques, se souviennent peut-être de l'exaltation qui a touché la communauté scientifique et celle des humains curieux lorsqu'on a découvert Ötzi, homme préhistorique, mort, assassiné, dans les glaces alpines. Le roman de Mads Peder Norbo se déroule au Groenland et met à jour un cadavre de la même nature, celui d'un Viking, à Nuuk. Mais la nuit, alors qu'un policier le surveille en attendant l'arrivée d'une équipe de savants, le policier est tué, éventré, et le corps congelé disparait. Matthew Cave, journaliste danois (malgré son nom), travaille sur place et entame une enquête. Très vite, il découvre les liens avec d'autres crimes non élucidés qui se cachent dans les interstices de cette société fermée, et ce depuis des nombreuses années. Mais pour la police qui veut clore l'enquête et surtout ne pas avoir à relancer de vieilles affaires (car il semble bien qu'il pourrait y avoir des connexions avec des hommes politiques locaux ou danois), il est beaucoup plus simple d'accuser Tuparnaaq, une jeune femme chasseuse de phoques, qui vient de sortir de prison et qui est considérée comme folle. La "folle" et le journaliste vont essayer de découvrir la vérité en remontant les pistes et le temps.
Le texte de Mads Peder Norbo est de facture et d'écriture classique. Ancré dans la société groenlandaise, montrant les désarrois de la population locale, la morgue des autorités danoises, les dessous d'une société complexe entre une population autochtone qui doit passer d'une structure traditionnelle à un monde moderne, gangrenée par les antagonismes entre les "indigènes" et les "colonisateurs". Comme beaucoup d'écrivains nordiques, Mads Peder Norbo propose un récit lent, peuplé de monstres ordinaires qui profitent de leur pouvoir pour détruire et jouer les prédateurs, de personnes blessées qui tentent de retrouver une vie et une force malgré tout. La Fille sans peau est une bonne variation sur des terres, des lieux et des personnages qui sont aujourd'hui assez connus du public.
Citation
La fille hocha la tête. Jakob avait noté dans son cahier qu'elle avait onze ans. Son père, Anguteeraq, était le seul survivant parmi les quatre hommes qu'il soupçonnait d'abus sexuels. Des hommes qui n'auraient jamais dû approcher une fille ou une femme.