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La mort est dans le lac
Il n'y a pas que des poissons des le lac Léman. C'est la triste découverte d'un sac contenant un torse féminin humain qui est à l'origine d'une enquête menée par l'inspecteur Andreas Auer de la brigade criminelle de Lausanne. De fait, les forces policières vont sonder le lac (grâce notamment à un chien spécialisé pour sentir les miasmes corporels remontant à la surface des eaux) et retrouver d'autre corps ou membres mais jamais la tête - tous d'origine de femmes. Le policier est soucieux car si les corps ne correspondent à aucune disparition connue, il est également difficile d'envisager un tueur en série. Un des corps retrouvé est celui d'une vieille femme "juste" assassinée, deux autres sont ceux de femmes jeunes, dont les organes ont été prélevés et si le quatrième est jeune, rien n'y a été prélevé. Certains corps portent également des marques comme si un boucher avait pris des morceaux pour faire de la cuisine. Pourtant les corps ont tous été découpés avec la même scie. Alors que penser ? Dans le même temps, Andreas Auer apprend par un jeune homme muet que Sokol Hoti, un de ses amis, un Albanais, a disparu. Il serait reparti en Albanie mais les messages qu'il envoie ne correspondent d'aucune manière avec sa personnalité, et surtout il ne répond que par SMS. Ce personnage était venu pour régler des affaires notamment avec d'autres membres de sa famille. Parmi eux, une figure de la mafia albanaise qui semble bien liée à la disparition et aussi à la mort sanglante d'un concurrent.
De manière complexe, mais presque prévisible, les deux fils vont se rejoindre dans un roman où les policiers sont un peu en retrait. Le récit alterne le point de vue du tueur, celui de l'Albanais disparu (évoquant de nombreux éléments sur la société albanaise depuis la Deuxième Guerre mondiale), et l'enquête. Le personnage du méchant est réellement un tueur qui alterne la folie et le besoin de s'enrichir, dans un mélange détonant. Le récit s'ouvre de manière classique : les personnages mènent leurs vie, leur enquête. La découverte d'un tronc humain commence à décaler l'intrigue vers le noir et le glauque et, petit à petit, le texte de Marc Voltenauer nous plonge dans des esprits tourmentés. Le pan albanais de l'intrigue avec sa vendetta meurtrière instituée en cadre de vie donne un éclairage particulier à l'enquête. On suit les actions de personnages violents comme s'il y avait un certain déterminisme ethnologique ou sociétal. Surtout, l'enquête se révèle être un moyen de faire la lumière sur l'idée même que l'on se fait de la Suisse arpentée par sa face sombre. Avec Cendres ardentes, Marc Voltenauer nous offre des vues saisissantes sur la psychologie et la folie de certains personnages, tout en jouant habilement sur un suspense et une accélération du rythme dans des derniers chapitres difficilement tenables.
Citation
Lorsque Sokol était en prison, la haine était son moteur. Il ne pensait qu'à se venger. Lors de sa libération, il avait choisi de pardonner pour surmonter sa colère. Il avait ensuite voulu se débarrasser des douleurs du passé pour se bâtir un futur, avant de réaliser que c'était impossible.